Sunday, March 14, 2010

Far - Water & solutions (Immortal/Epic) 1998


Nous sommes en 2010 et j'ai commencé à me passionner pour la musique en 1998, année de sortie de ce disque. Cela fait donc exactement que j'évite soigneusement cet album. Je sais d'où vient le groupe (Sacramento, fameuse ville des Deftones). Je sais qu'ils sont amis avec mes deux groupes favoris de cette ville, les Deftones et Will Haven, qui portent ce disque dans leur coeur. Pourquoi n'ai je alors pas pris le temps de tendre une oreille, même distraite, à ce que contenait cet album? Peut-être est ce la signature sur Immortal, label de Korn et d'Incubus à leurs débuts, et que je pensais avoir atteint mon quota de groupes néo metal (après avoir écouté bon nombre de merde, de sous merde et de sous sous merde dans le genre)

Far n'a pourtant rien d'un groupe de néo metal. Leurs influences principales sont évidemment Quicksand et Failure dont ils tirent cette passion pour la mélodie fragile sur lit de guitares à la fois légères et saturés. Water & Solution préfigure l'émo dans tout ce qu'il a de sensible et de poignant. Jonah Matranga pose d'une voix souple et tendre des textes à la fois mature et adolescent. Des souvenirs d'un été californien, morose et ensoleillé tout à la fois. Water & solution glisse et joue des remous pour marquer l'auditeur de manière indélébile. Une écoute suffit pour que les guitares saturés et la touche de violon remixé se scotch dans votre tête. Le reste de l'album fera de même. Pas d'autres issus possibles. Water & Solutions rend simple la conception de chansons imparables.

De nombreux détails en font aussi bien plus qu'une collection d'accidents heureux. La production savante de Dave Sardy contribue largement en aérant chaque instruments. Les frappes de batterie entrecoupe alors les respirations de la guitare de Jonah Matranga qui a, lui aussi, l'oreille et le touché parfait pour les mélodies légères pour une symbiose constante entre tout les musiciens. Chaque titre se veut aussi bien différent et aucun ne souffre donc qu'une comparaison ou d'un manque de souffle. Les titres composés s'efface les uns après les autres avec modestie, sans s'attarder de trop, pour que chacun ait sa place sous le soleil.

Le sommet aura été atteint sur douze morceaux et le groupe de se séparer ensuite pour des carrières solos. Les voilà revenu en 2010 pour un nouveau disque qui ne devra pas faire la maladresse d'entacher ce petit moment de perfection. Douze ans pour le découvrir et pas une ride. Un album très adolescent dont on pourrait pas avoir honte après tant d'années. Un disque que je ne regrette de ne pas avoir sous la main pendant tout ces étés fatiguant, brillant d'une douce tristesse amoureuse, mais qui me fait rattraper le temps en évoquant autant les années passés que le future. Immortel. Le label ne l'aura pas été mais ce disque l'est.

Atari Teenage Riot - 60 second wipe out (DHR Recording)


Annoncé cette semaine au festival de Dour, la reformation d'Atari Teenage Riot surprend puisque le groupe était mort et enterré pour tout le monde depuis le décès par overdose de l'un de ses membres, MC Clark Crack (on ne s'attardera pas sur l'ironie de la situation). Restait donc Alec Empire, occupé par sa carrière solo, Hanin Elias, occupé par sa vie de famille et Nic Endo, toujours au-côté de Empire, derrière les machines, mais ceux-ci avait juré leurs grands dieux de ne pas faire revenir sur le devant de la scène le monstre qu'était Atari Teenage Riot. Preuve qu'il ne faut jamais dire jamais. Mais en quoi est-ce une bonne nouvelle?

Née des influences punk et de l'immersion dans la culture transe et techno hardcore allemande, Atari Teenage Riot a toujours eu pour objectif de produire un chaos musical capable d'attirer l'attention des gens sur leurs opinions politiques. Leur premier single marquait déjà le pas en s'intitulant "Hunt down the nazis" dans le but de marquer leur opposition aux mouvements d'extrême droite qui prenait alors une place trop importante dans la scène techno allemande. Ils continuèrent ensuite de produire des disques aux paroles toujours aussi évocatrices ("Deutschland has gotta die!" ou "The future of war") mais sans aucune volonté de provoquer inutilement. Contrairement à bons nombres de groupes d'adolescents dont le port d'un tee-shirt invoquant Che Guevara n'est qu'un prétexte pour faire hurler les parents, Atari Teenage Riot a toujours agis en suivant un code de conduite stricte.

Autant influencé que par le punk des Sex Pistols que la techno hardcore et la drum and bass, Atari Teenage Riot se place dans la même lignée que Pitchshifter ou les Mad Capsule Markets en mariant l'intensité de la musique électronique à des textes anarchistes et un jeu de voix emprunté aux Beastie Boys. Il n'est donc pas surprenant que durant leur carrières ils aient partagés la scène avec eux, ait été distribué par leur label, Grand Royal, et ouvert pour le Wu-Tang Clan et Nine Inch Nails. Sur 60 seconds wipeout, le dernier disque qu'ils aient produits ensemble (jusqu'à leur retour aujourd'hui avec un nouveau MC) , leur son se fait plus rock et moins électronique en présentant toujours les marques de la culture transe qui animent le spectre punk des guitares.

Tout est démembré chez ATR pour que rien ne soit reconnaissable derrière la barrière de distorsion où s'affrontent les voix et les battements. Les paroles hurlés sont scandés par chacun comme des slogans politiques et des incitations à la révolte et à la danse. A se demander comment pouvait être retranscrite en studio cette énergie live décuplés sur scène? Agissant comme un collectif, les morceaux sont écrits par différentes personnes et en compagnie de différents intervenants allant d'un membre du groupe de rap The Arsonists à Dino Cazares, artistant du cyber metal au sein de Fear Factory. Pas de têtes pensantes. Nic Endo, Alec Empire et Hanin Elias collaborent ensemble avec comme seul absent notable MC Carl Crack dont la participation se limite à ses textes.

Alors, bonne nouvelle? A savoir maintenant si l'intensité des prestations d'Atari Teenage Riot et l'engagement de ceux-ci sera encore d'actualité pour rendre au quatuor allemand sa superbe et ne pas entacher la réputation d'indépendance et d'intégrité qu'ils ont construit jusqu'à alors. Pour avoir influencé l'un des meilleurs groupe de fusion japonaise, The Mad Capulse Markets, et avoir participé à l'émergence du breakcore, Atari Teenage Riot a déjà acquis une place dans l'histoire de la musique contemporaine. L'un des meilleurs alternatifs à l'alternatif. Onze ans après sa publication, 60 second wipe out continue de résonner comme un signal d'alarme et un cri de révolte mature et intense qui n'a absolument rien de nostalgique. Gageons que leur retour ne l'est pas non plus et qu'ils auront beaucoup à dire ensemble.

Sunday, March 07, 2010

Isis - Celestial (HydraHead) 2000


Au plus récent concert d'Isis à la Maroquinerie, après un set monstrueux retraçant la majeur partie de leur discographie, le groupe revint faire un morceau d'Oceanic et un autre de Celestial. Introduit par un "This is for old friends" de Aaron Turner, le riff massif de la chanson éponyme fit onduler les têtes de toute l'assemblée. A croire que tout les vieux amis sont encore dans le public et se souviennent bien de la fournaise qu'était Isis avant que les braises ne rayonnent de lumière apaisantes sur "Panopticon" et "Wavering radiant".

Auteur à l'époque d'un album et d'un EP plus sludge que post quelque chose, The Red sea et Mosquito control, Isis maitrise de plus en plus leurs influences principales, Godflesh et Neurosis, pour concevoir une forme de sludge foncièrement différente. Les textures post industriel de Godflesh rejoignent les rythme tribaux de Neurosis dans des vagues de guitares écrasantes où la voix n'intervient que comme une lointaine plainte ou de puissant cri déchiré que l'on perçoit à travers la montagne de distorsion que produit les instruments. Les paroles sont imperceptibles bien qu'un concept pointe au loin dans les interludes ambiant où les touches d'un clavier résonnent avec l'éclat des gouttes d'eau avant que ne reprennent la transe brulante de ces riffs rougeoyant que l'on qualifiera de post hardcore, faute de mieux.

D'ailleurs pourquoi post hardcore? Post par analogie avec le post rock de Godspeed you, Black Emperor! et Mogwaï aux compositions aérienne largement instrumentale et hardcore à cause des racines des musiciens dans la scène hardcore. En réalité, celles sont bien minces et le terme a surtout été imposé au groupe à cause de leur lien avec Neurosis (le EP Sign05 est sorti sur leur label, Neurot Recording) dont les racines viennent effectivement du hardcore (du moins, pour ce qui est des albums Pain of mind et The world as law). L'étiquette post metal est maintenant employé et convient juste un peu mieux pour les décrire. Celestial est surtout le produit d'une prise de conscience par des musiciens qu'ils étaient insatisfait de ce qu'ils entendaient autour d'eux et qui ont par conséquent pris sur eux de composer un univers musical qui leur convenait.

Lourd mais aussi léger par moment, sombre et mélancolique tout en rageur et désespéré, Celestial est aussi un disque dont la conscience artistique est très forte. Cohérent dans son ensemble, les marques d'un concept sont donnés. Les titres des morceaux et la pochette sont laissés à l'interprétation (une jeune femme plongé dans l'eau, un corps abandonné au fond marin ou une simple plongée sous marines pour découvrir de nouveaux paysages?). L'identité visuel d'Isis est aussi très forte du fait des talents de Aaron Turner en tant que graphiste (le design des albums paru chez HydraHead et ceux d'Isis sont pour la plupart de ses oeuvres). Ni metal, ni hardcore, Celestial ne souffre d'aucune étiquette et montrera le chemin pour des groupes à travers le monde jusqu'à devenir la figure de proue d'une esthétique et d'un genre mal dégrossi allant de Cult of Luna à AmenRa en passant par Tombs et Year of no Light. Celestial est aujourd'hui le gospel par lequel des centaines de groupes s'expriment tandis qu'Isis a continuer ses routes loin de ses sentiers qu'ils ont eux-même battus pour en créer de nouveaux.

Cave In - Until your heart stops (HydraHead) 1998


Je m'en souviens comme c'était hier. J'allumais la télévision pour me détendre et en zappant sur France 2 je tombais par hasard sur un petit segment présentant un groupe. Cave In était à la une et la voix off fit résonner ses quelque mots dans l'espace temporel de la télévision française : "d'abord un groupe de hardcore chaotique ...". C'était fini. Les mots "hardcore chaotique" avait été prononcé pour la première, et surement la dernière fois, sur une chaine public. L'album présenté était alors Antenna, le seul disque paru chez la major RCA / BMG avant qu'ils ne retournent sur le label indépendant HydraHead (fondé et géré par Aaron Turner de Isis) où le reste de leur discographie est paru.

Aujourd'hui le cul entre deux chaises, le rock progressif et aérien et des racines hardcore chaotique, Cave In a commencé sa progression vers de nouveaux territoires sur un disque devenu maintenant mythique, Until your heart stops. Avant cela, Beyond hypothermia collectait les différents morceaux enregistrés avec différents hurleurs, tandis que le guitariste / chanteur, Stephen Brodsky entrecoupait de mélodies très Radiohead les riffs metal incisif qu'il tissait avec des autres compagnons en compagnie d'une section rythmique qui ferait envie à beaucoup de groupe en la personne de John Robert Conners et Caleb Scolfield (Zozobra, Old Man Gloom). N'est pas Cave In qui veut. Curieusement cohérent et constitué de titres tous plus diablement puissant que les autres, Beyond hypothermia montrait que le groupe possédait déjà plusieurs facettes mais surement pas autant qu'ils n'en montreront par la suite.

Until your heart stops est d'une part beaucoup plus metal que son prédécesseur. Voisin de pallier de The Dillinger Escape Plan et Converge à leurs débuts, Cave In déménage vers plus d'expérimentation, plus de mélodies et ajoute même des interludes noise. Le riff d'ouverture de "Juggernaut" partage encore quelque meubles avec "The Saddest day" de Converge tout en y ajoutant un chant clair extrêmement maitrisé et des influences rock et folk que Stephen Brodsky étalera par la suite beaucoup plus sur les albums suivants du groupe ainsi que dans ses différents side project (Stephen Brodsky, Octave Museum, Stove Bredsky). Celui-ci doit pourtant aussi assuré les hurlements d'un chanteur parti avant l'enregistrement du dit disque. Ce départ le forcera a hurler à plein poumon pendant les tournées suivantes et le convaincront de ne s'adonner qu'au chant clair et d'abandonner leurs influences plus metal et hardcore, du moins pour quelque temps.

Décrit par le magazine Kerrang! comme un compromis entre Slayer et Radiohead. Until your heart stops n'est pas la réalisation d'une équation maladroite mais d'un mariage assumé entre l'énergie et la mélodie sous la bannière de l'intensité. Un Rubix cube d'influence que l'on aura beau tourner dans tout les sens sans arriver à ce qu'une couleur domine sur aucune des facettes. Comme tout les grands disques, celui-ci est un tout cohérent dont un tour d'horizon complet du début à la fin est nécessaire pour pouvoir dessiner le portrait complet dressé par ces quatre musiciens dont la carrière continue encore de produire de nouveaux morceaux. La puissance de Until your heart stops ne sera jamais atteinte de nouveau, du moins jusqu'à présent, mais le groupe s'en fiche car leur musique à ensuite explorer bien d'autres territoires que ceux déjà imposant de cet album composé en 1998. Un classique incontournable.

Wednesday, February 24, 2010

Qu'est ce que le rap back pack?


A mon entrée en fac j'ai eu la chance de rencontrer mon alter ego de l'époque, un passionné de rap pour qui la musique était tout aussi importante qu'elle l'était pour moi. Un fouineur du net à la recherche du dernier album, du dernier disque. Il arpentait les réseaux peer to peer avec la même passion que je mettais à plonger la tête dans les bacs des disquaires à déchiffrer les typo des groupes de black metal et de power metal. Apprendre a reconnaitre un genre musical à la couverture m'a ensuite énormément aidé pour me repérer dans mes découvertes musicales au détour d'un bac à solde. Je lui dois toute ma culture rap et électronique. Il m'a introduit aux MC dont le flow me passionne encore aujourd'hui et a toujours un nouvel artiste incroyable a faire découvrir quand on le croise. Même si on le voit tout les jours!

Sorti du lycée mais déjà curieux, j'écoutais ses conseils et je digérais lentement, très lentement, les disques d'albums qu'il me passait en mp3 à chaque visite pour me faire les oreilles sur des dizaines d'artistes que je continue de redécouvrir aujourd'hui en achetant enfin tout ces albums par moi-même. A l'époque les artistes qu'il écoutait le plus était Company Flow et Aesop Rock, un groupe d'artiste dont l'influence continue d'arriver toujours au top de mes statistiques sur last.fm. Pas besoin d'attendre plus longtemps et ne pas le cacher : je suis un putain de geek de musique. A deux doigt du nerd dont l'obsession l'empêche de parler à des filles en dehors d'un forum.

Ma culture rap n'est donc qu'une culture emprunté par petit bout à un érudit et je ne prétendre au titre de référence en la matière. Pourtant, en effectuant une petite recherche sur le mouvement back-pack j'ai été surpris de découvrir que le terme est très peu développé sur Wikipedia :

Backpacker is a term usually used for people who listen to underground hip-hop/rap.

Necro ferait donc du back pack? Si on en crois un fan à l'allure plus érudite, il semblerait bien que oui ... Je souhaite donc tenter de donner ma définition du genre. Une définition qui n'a rien de posthume car pour moi le terme a encore un intérêt au delà de son intérêt socio-culturel du terme comparable au shoe-gaze (en référence aux guitaristes du genre dont le regard était toujours dirigé vers leurs chaussures pour vérifier leurs pédales d'effets au lieu de regarder le public). Le dernier disque de Felt en un parfait exemple. Des paroles romantiques ou humoristique, un esprit rap intellectuel et un livret sans aucune photo promo en dehors d'une sorte de portrait peint des deux MC et du producteur. Les trois coupables, Aesop Rock, Slug d'Atmosphere et Murs des Living Legends, sont pour moi des personnages centraux dans l'histoire du back pack bien qu'ils ne soient pas à l'origine du genre.



Les véritables géniteurs de cette tendance intellectuel du rap underground dénommé back pack à cause des livres, des carnets de notes et de la peinture que trimballait toujours avec eux ces passionnés. Le terme back pack m'avait aussi été décrit par mon maître à pensée comme une référence au milieu étudiant d'où venait ces rappeurs obsédé par une vision poétique du rap. Le label Anticon en est une parfaite incarnation. Mais, avant cela, il faut en revenir au Freestyle Fellowship et au Project Blowed. Avec un premier album en 1991 et comme contemporain Souls of Mischief et les Hieroglyphics, le style du FF se veut déjà très différent et va continuer a s'affiner, plus particulièrement sur les albums solos d'Aceyalone. Même si All balls don't bounce est encore un disque très 90's dans le style, l'esprit est déjà beaucoup plus affiné et le rappeur le prouve avec son deuxième disque, A book of human language dont les premières paroles sont

Asalaam alaikum, people of good will
I offer you the greeting of thought manifested skill
to finally reveal the open-end chapter
As real as the flesh that you're embodied in
to the skull cavity your mind is rotting in, I'll be riding in

La spiritualité d'Aceyalone s'exprime avec le talent d'un MC accomplis et dont la complexité des paroles va servir de modèle a bon nombre de rappeurs de la scène back pack. La chronologie des évènements est ensuite plus difficile pour moi à repérer mais il est aussi bien évident qu'Operation doomsday d'MF DOOM marquera les esprits et rappellera aux fans de KMD qui avaient récupéré sous le manteau le mythique deuxième album, Bl_ck b_st_rd, le talent de Daniel Dumile et que le rap peut parler de n'importe quoi et que l'on peut faire de l'ego trip derrière l'identité d'un personnage inspiré d'un comic book. Le rap se permet d'être nerd, le rap se permet d'être geek. Cette présentation ne serait pas complète sans citer aussi deux autres grands noms dont l'influence est indéniable sur ce "genre" et on contribué à l'émancipation de ces rappeurs à part, Del Tha Funkee Homosapien et son flow alambiqué ainsi que Kool Keith et son Dr octagonecologyst au concept aussi étrange que la galerie de masque derrière lequel Keith rappe tout au long de sa carrière.



Ces deux sphères d'influences sont essentiels pour définir le rap back pack. Company Flow se trouve au confluent des deux tendances avec un Funcrusher plus parlant de théories de conspiration sous un barrage de paroles complexes, non dénués d'ego trip, réaliste (Last good sleep marque déjà le tournant que prendront les paroles d'El-P sur son premier album solo, le révolutionnaire Fantastic damage) et nerdy (le groupe ne cache pas sa passion pour la science fiction de Philip K. Dick, 1984 et les aliens en couverture). Company Flow sera alors la figure de proue d'une scène rap indépendante et plutôt blanche après être parti de deux artistes noirs. Le back pack trouve sa première "contradiction" en se définissant comme un "rap de blanc" dont l'inspiration vient d'une culture noir.



Le back pack est donc pour moi une déviation de la culture hip hop vers un discours plus intellectuel. Une observation constante sur des problèmes personnels ou sur le monde en général (6b panorama d'Aesop Rock où le rappeur décrit ce qu'il voit depuis sa fenêtre ou l'album Personal journal de Sage Francis). La valeur des MC ne se prouve pas par le bling et par les femmes qui les entoure mais par leur capacité à créer des textes complexes où ils peuvent démontrer a quels point ils sont intelligent. La scène canadienne de Halifax en est une bonne illustration avec les rappeur Buck 65 et Sixtoo (réunit au sein des Sebutones) aux titres d'albums évocateurs (Language art pour Buck 65 et the Psyche continuum pour Sixtoo). Le rap back pack est clairement une musique d'étudiant en université et banlieusard. Jamais un rappeur back pack ne vous apprendra quelque chose sur la vie dans les rues, le gangstérisme ou ne vous tiendra de leçon de philosophie sur la place de la communauté noir (bien qu'il y ait des exceptions). C'est assez caricaturale de ma part de représenter les choses de cette façon mais le rap back pack ne lit pas Malcom X ou Iceberg Slim, il lit Deleuze ou Philip K Dick.



Enfin, le dernier aspect du back pack que je souhaite développer sont les instrus. Les compositions se veulent généralement complexes, bouscule les codes du genre et emprunte à différents milieux. Les samples de funk et de soul sont bien rangés dans un coin, par contre le jazz et la musique électronique fait parti intégrante du registre. Le premier Clouddead ainsi que Fantastic damage en sont des illustrations parfaites. Avant gardiste et industriel pour ce qui est du premier album solo d'El-P (dont la transition vers l'orfèvrerie "pop" s'accomplira sur sa production de l'excellent Cold vein de Cannibal Ox) et a mi chemin entre le trip hop et la musique concrète sur le premier album de CloudDead, collectif réunissant la crème du label AntiCon (le label de la scène rap intello a lunettes) : Dose One, Jel et Why? Enfin, sans toujours faire preuve d'une inventivité hors norme, projettant généralement ces disques loin du rayon rap des disquaires et dans les listes de fin d'année des Inrockuptibles, le back pack se joue surtout de l'héritage rap pour en faire une sorte d'hommage étrange et décalé comme le fameux Primitive plus de Edan où le rappeur se représente dans le livret a côté des visages de Chuck D de Public Enemy ou de Jimmy Hendrix.



Le back pack est donc en ce qui me concerne beaucoup plus restreinte que celle que définit Wikipedia. Majoritairement blanche, nerdy, intellectuel, gonflé de références aux passions des membres du club informatique ... Le back pack est le versant du rap que les fans de rock apprécient généralement plus car les textes échappent aux clichés du genre et les compositions ont des atmosphères plus posés, plus étirés et moins dansant. Le succès de cette scène n'a jamais atteint les hautes sphères de la culture pop et continue pourtant d'exister bien que la plupart de ses figures d'origines se soient ensuite orientés vers des musiques plus expérimental où ait délaissé le rap pour voguer vers des domaines plus personnels (Buck 65 et son album de blues, Why? et ses chansons pop, Sixtoo et sa carrière instrumental électro, Dose One et son groupe de rock métissé, Subtle ...). La relève est pourtant là en la personne de rappeur comme Thavius Beck et K-the-I??? ou Dälek qui effectue le lien entre l'intellectualisme et le métissage des instrus dans un contexte hip hop engagé dans la dénonciation des inégalités.



Pour finir, voici ma liste d'albums essentiels pour mieux cerner ma définition du back pack. Ce sont les albums qui m'ont le plus marqués et non des albums que influent ou historique.

Buck 65 - Square
Company Flow - Funcrusher plus
Aesop Rock - Labor days
El-P - Fantastic damage
Cannibal Ox - The Cold vein
Tha Blue Herb - Sell our souls
Sixtoo - The psyche continuum
Deltron 3030 - Deltron 3030
Dr Octagon - Dr Octagonecologyst
Edan - Primitive plus

Thursday, February 18, 2010

ZAO - Where blood and fire brings reign (Solid State) 1998


Le concept de metal chrétien peut paraitre étrange pour la France mais aux Etats-Unis, la musique séculaire et pieuse ont cohabité très tôt. Le gospel a existé dans une relation d'échange entre des artistes partis du milieu religieux pour une carrière commerciale loin de l'Eglise (Ray Charles par exemple). Puis, des artistes folk ont ensuite intégré une conscience religieuse dans leur musique et jouer dans des églises. La boucle fut enfin bouclé avec la conversion surprenante de Little Richard, véritable maître d'oeuvre du rock and roll avant Elvis Presley, qui devin un Born again christian après le lancement de la navette Sputnick qu'il "interpréta comme un signe de Dieu". De plus, opur en venir enfin à la question du metal, ou au moins du hard rock, Stryper a récemment fait son retour et constitue l'un des meilleurs exemple de rock chrétien. Imaginé Manowar mais avec une conscience religieuse au lieu d'un ego et d'une passion pour le metal et les films de gladiateurs.

ZAO fut toutefois le premier groupe a apporté sa foie chrétienne dans le monde du hardcore. Bien que la présente incarnation du groupe n'ait plus en commun aucun membre de la formation originale, les racines du groupe furent d'abord plantés dans le monde de la religion, en déplaise aux fans de hardcore de l'époque. Sur le DVD rétrospectif de leur carrière, l'un des membres de l'époque raconte a quel point leur musique et leur attitude était à l'opposé de groupe comme Snapcase avec qui ils partageaient des concerts. D'abord influencé par le hardcore, le son de ZAO s'est progressivement émancipé par l'ajout de mélodies acides en contraste avec les riffs thrash joués avec une énergie propre au hardcore qui accentuent la tension des morceaux.

Ainsi, bien qu'entre le premier album, All else failed, et Where blood and fire brings reign, seul le batteur du groupe soit encore un membre d'origine, la formation garda une partie de l'identité du ZAO des débuts. En effet, ce grand remaniement de personnel fut causé par le départ de trois quart des membres pour devenir prêtre! Ne resta alors plus que Jesse Smith pour retrouver de nouveaux membres. Ceux-ci formèrent alors le cœur de la formation bien que d'autres changements de line-up eurent lieu au cours de la vie du groupe (jusqu'au départ de Jesse Smith avant The Funeral of God). Ainsi, bien que la foie chrétienne du groupe est alors encore intrinsèque, elle n'est pas primordiale et sera même très vite mis au second plan dans leur musique. Ironiquement, ZAO sera pourtant toujours associé à la scène chrétienne (leur signature sur le label de metal chrétien, Solid State, y a aussi contribué) et est toujours revendiqué par de nombreux groupes chrétiens, de Norma Jean à Demon Hunter.

Au chant, les mélodies exsangue et les hurlements serpentesque de Daniel Weyandt impose une nouvelle identité, encore plus personnel et tourmenté. Incisives, les guitare de Russ Cogdell et Brett Detar se consument mutuellement sur tout les morceaux tandis que la section rythmique représenté uniquement par Jesse Smith (un bassiste ne rejoindra le groupe qu'à partir de l'album suivant, Liberate to ex inferis) se convulse avec passion. La force de ZAO aura toujours été d'être motivé par une puissance émotionnelle que beaucoup taisent derrière une surproduction. A l'opposé de ceux-ci, Where blood and fire brings reign est un album pratiquement décharné. Sans basse pour contrebalancer l'attaque frontale des guitares, les aigus dominent grâce à la puissance de la voix de Weyandt dont le groupe raconte qu'ils l'entendaient enregistrer depuis l'extérieur du studio d'enregistrement!



A la fois mélodique et corrosif, Where blood and fire brings reign pose les bases d'un metal hardcore qui aura une influence sur bon nombre de groupe actuel alternant chant clair et cri. La catharcie déchirante de Weyandt posé sur des riffs épileptiques alternant accalmie et explosion n'a aucune commune mesure avec la vague neo metal ayant monté en épingle les moindres petits problèmes de jeunesse. Tout sur ce disque semble au bord de l'explosion et le repos n'arrive que sur le dernier morceau, un instrumental mélancolique intitulé Violet sur lequel le disque prend fin. Un disque fondateur d'un groupe dont la carrière reste encore dissimulé derrière leur foie. Pourtant athée jusqu'au bout des ongles, la musique de ZAO m'a toujours parlé de par son honnêteté, sa force et son originalité. Aujourd'hui déterminé a créer à leur rythme, le groupe a édité un nouveau disque l'année dernière et a déjà une dizaine de chansons de prévu pour un nouveau. La récession n'assèche pas l'inspiration ni la détermination d'un groupe qui aura pourtant eu une vie on ne peut plus troublé.

Wednesday, February 17, 2010

Will Haven - El diablo (Revelation Records) 1997


En cherchant sur la toile des informations sur El diablo je n'ai strictement rien trouvé qui puisse alimenter ma chronique. Il faut donc que je m'en retourne à mon impression personnel sur ce moment d'histoire. Apparemment, si l'on en croit les quelque biographies que j'ai parcouru, El diablo ne serait qu'un chapitre dans l'histoire de Will Haven, seulement souligné pour être le premier disque du groupe après un EP "bien accueilli" par la critique qu'ils disent.

Mais d'abord qu'est ce que Will Haven? Le groupe d'origine de la plupart des membres de Ghostride. Ca c'est un fait que nous avions établi précédemment. Mais en dehors de cela, qui est Will Haven? Inutile de tourner autour du pot, il n'y a pas de Will Haven. Par contre, il y a Grady Avenell, chanteur / hurleur, Jeff Irvine, guitariste, Mike Martin, bassiste et Wayne Morse, batteur. Will Haven n'est que le nom d'emprunt de ce quatuor, et cela pour aucune raison particulière. De même, si l'on en croit un viel interview réalisé par le magazine Kerrang! à la sortie de leur troisième disque, les noms des chansons n'ont généralement que peu d'importance. Bon nombre sont nommés par le bassiste et n'ont pas de rapport avec les paroles ("Dolph Lundgren" sur Carpe diem, par exemple). En revanche, sur El diablo, deux des morceaux les plus important de l'album sont nommés à partir de phrases clés des paroles de Avenell.

Celles-ci sont entourés de mystère, gonflé de métaphore personnel à l'auteur. Celles-ci s'insèrent pour autant dans une narration lié à la musique. Ainsi, quand Avenell annonce "I've seen my fate" durant ce même morceau, juste avant que les instruments ne reviennent tels un tsunami de distorsion visant à recouvrir et écraser le chanteur, la signification de cette phrase ouverte devient beaucoup plus précise. "Climbing out this bottle", scandé avec une frustration croissante sur un instant d'apaisement troublé ne fait pas de doute quand aux sentiments dégagés par Avenell.



Pour autant, Will Haven n'est pas un groupe dont le seul moteur est la rage et la frustration. Tout dans Will Haven respire la vie et l'humanité sous toutes ses facettes. La colère y est illustré mais aussi la détermination, la dépression et l'apaisement. Le contraste entre les paroles et les lignes mélodiques dissonante d'Irwin établit la tension, elle même centré autour d'une influence noise rock mélangé à la catartie tribale et terrifiante de Neurosis.

De plus, Will Haven est originaire de Sacramento, ville natale des Deftones dont ils sont des amis et avec qui ils ont partagés plusieurs tournées. Comme eux, leur musique baigne dans une mélodie étrange où l'ombre et le soleil de la Californie s'affronte. La différence majeur tiens dans leurs chanteurs respectifs. Moreno exaltant la sensualité, Avenell se déchirant dans un climat de tension constante. Cool et énergique, la musique des Deftones était faite pour les projecteurs tandis que celle de Will Haven, sorte de sludge californien, se révèle dans l'obscurité et les rais de lumière qui la transperce. Le climat d'introspection crée par les textes de Avenell, les riffs à la fois apaisés et écrasant d'Irvin eux-même lacérés par la frappe sèche de Wayne Morse et par les morsures de la basse métallique de Mike Martin. Chaque membre du quatuor a son mot à dire, car le sens n'a pas, ou peu ,d'importance. Tout est dans les sentiments et c'est ce qui fait d'El Diablo un album fantastique et de Will Haven un groupe unique.

Monday, February 15, 2010

Snapcase - Designs for automotion (Victory Records) 1999

Mes premiers pas dans le hardcore, et plus précisemment dans sa culture, je les ai fait avec Snapcase. Snapcase m'a fait découvrir le hardcore et le straight edge et ont donc eu une influence majeur sur moi. Le hardcore ni le straight edge ni Snapcase n'ont décidé pour moi ce que j'allais faire de ma vie ou comment j'allais la vivre mais ils m'ont encouragés en partie à vivre comme je l'entendais. Le straight edge, pour ceux qui l'ignore, est un mode de vie associé à la culture hardcore où l'on décide de ne pas boire d'alcool, de ne pas prendre de drogue et ... d'être fidèle à sa copine.

Si cela ressemble à un mode de vie d'ado c'est tout à fait normal puisque celui-ci a été imaginé par Ian McKaye dans les paroles de la chanson du même nom quand il faisait partie de Minor Threat. Ecrit en réaction aux punks qui ne pensaient qu'à s'auto détruire, "Straight edge" était l'expression d'un gamin dégouté par ce qu'il voyait et décidé a ne pas tomber dans les même travers. Depuis, de nombreux groupes ou de simples fans ont décidé de suivre la même voie (McKaye s'est par contre complètement détaché de ce mouvement) avec plus ou moins de rectitude.



Snapcase en revanche semble avoir vécu son allegeance au mouvement straight edge comme celle d'une discipline de vie tout en tolérant les décisions de ceux qui les entoure. Preuve en est, l'article qui m'a fait découvrir Snapcase portait sur une tournée où ils tournaient avec Avail, un groupe de punk dont l'attitude est a l'exact opposé de celle de ces texans de Buffalo (le bassiste a pour tradition de se faire faire des tatouages ridicules comme celui d'un gamin en train de se faire traiter chez le dentiste).

Snapcase n'est donc pas un groupe radicale mais ouvert comme le prouve très bien ce disque. Fortement influencé par Helmet, le hardcore de Snapcase dégage autant d'énergie qu'un disque de hardcore moderne tout en déployant des riffs anguleux accentué par des mélodies dissonantes n'atteignant cependant jamais le même degré de maitrise noise / free jazz que les leads de Page Hamilton. Comme si Have Heart avait été croisé avec le Helmet des débuts si l'on peut me permettre ce bel anachronisme.

Contrairement à Helmet où les paroles ont un intérêt très annexe, celle de Daryl Taberski forment l'impact émotionnel de cette musique à la croisée du hardcore et du noise rock. "You need to find a way to make yourself live" dans "Energy dome" ou "Ambition now ! Deception down !" en conclusion "Ambition now" sont des paroles qui ont marqués mon adolescence à une époque où ma vie commençait à enfin prendre un sens dans le tout nouvel univers de la faculté de psychologie où je m'étais inscrit. Plus qu'un ensemble d'interdiction, le straight edge est d'abord une manière de s'extérioriser et de montrer que l'on peut vivre de la manière qu'on désire. Snapcase en est la preuve et la toutefois appris à ses dépend quand ils se sont fait agresser par une partie du public lors d'un concert alors qu'ils leurs demandaient d'être moins violent (l'Allemagne et le hardcore, tout une histoire ...).

"Designs for automotion" reste encore aujourd'hui un classique tout aussi énergique et possédé d'un enthousiasme communicatif sans jamais prêcher une église particulière. Peu de groupe peuvent aujourd'hui être comparé à Snapcase et c'est donc un plaisir de les voir revenir jouer quelques concerts en Europe, en espérant qu'ils poursuivent leur aventure arrêté à l'issu d'un album tout aussi personnel, "End transmission".

Tub Ring - Zoo hypothesis (Underground) 2004

Une fois l'introduction de "Tiny" passé, le camion de glace est lancé et rien ne pourra plus l'arrêter tant qu'il n'aura pas dévaler le pente des 16 chansons de l'album. Bien sûr, la pente est surmonté d'embuche et le camion tressaute, oscille de tout sens et récupère de ci, de la, de quoi faire une collection de morceaux bigarrés que Faith no More pourrait reconnaître comme les siens.



Tub Ring n'est pas pour autant une copie du mythique groupe qui mis Mike Patton sur le devant de la scène et inspira des dizaines de groupes incapables d'écrire un morceau cohérent et accrocheur, même si on les menaçait d'une arme. Tub Ring enjambe tout les problèmes avec une énergie quasi punk californienne (mais pas trop) vitaminé aux effets de claviers s'engouffrant dans tout les pores des riffs et des rythmes pour que la fête soit complète. Fête foraine, camion de glace, vous comprenez surement que l'on ne s'ennuie pas chez Tub Ring.

L'effervescence crée par ce déluge de virage et de grand huit n'est pas pour autant artificiel ou glucosé. "Habitat" s'inspire de la secte de Jim Jones et de ce suicide collectif. "Return to me" est un petit discours mesquin dirigé à l'encontre d'une ex petite amie que le chanteur sait incapable de se passer de lui. "I could never fall in love you" prend par contre totalement à revers l'habituel duo homme / femme des chansons romantiques avec une petite ritournelle sage sur l'impossibilité de ces deux personnes de s'aimer. Enfin, l'une des chansons préféré est le survitaminé "Alexander in charge" où un dénommé Alexander intervient pour sauver la situation et exalte son ego sur-dimensionné devant sa capacité à résoudre les problèmes.

Zoo hypothesis est une collection étonnement cohérente soutenue par la folie créatrice et ce déferlement d'idée et de refrain bourré d'intelligence et de variété. Sans jamais être grotesque ou parodique, Tub Ring ne fait pas que reproduire des clichés et invente son propre vocabulaire explosé aux quatre coins de la galaxie rock and roll avec un sourire mystérieux que l'on sait charger d'idées folles.

Sunday, February 14, 2010

Ghostride - Cobra sunrise (Distruktor) 2004

Quand on vit à Sacramento on n'en sort que de deux manières : les pieds devant ou dans un van. La profusion de groupe s'explique ainsi parfaitement et l'on peut remercier le vortex qui semble habiter cette partie des états-unis de nous avoir fait profiter d'aussi bon groupe que les Deftones, Trash Talk, Far ou Will Haven. Ces derniers n'ont malheureusement jamais eu une existence facile entre un chanteur charismatique, Grady Avenell, incapable de se décider entre sa carrière de chanteur dans un groupe fantastique mais ignoré par le public américain (alors qu'ils sont vénérés en Angleterre (comme le prouve des groupes comme Earthtone 9, Mahumodo, Charger massivement influencés par ces américains) et celle de shérif, à laquelle il s'est tout de même consacré le temps que le groupe enregistre "The hyerophant" avec l'ancien chanteur de Red Tape, Jeff Jaworsky.

Avant que Will Haven ne redevienne Will Haven suite au départ de Grady Avenell, il y eu tout de même une période troublé pendant laquelle ils se séparèrent pour mieux se retrouver avec un autre chanteur, sous un autre nom, celui de Ghostride. Ce fut, Rey Osburn de Tinfed, autre groupe de Sacramento, qui saisit le micro et emporta ces nouvelles compositions, a mi chemin entre un stoner boosté et le noisecore de Will Haven vers des territoires bien plus mélodiques que ceux que le groupe explorait avec le néanmoins fantastique hurleur qu'est Grady Avenell.

Les lignes mélodiques, a mi chemin entre le post rock et noise, de Jeff Irwin interviennent dans pratiquement tout les morceaux comme l'un des points d'orgue de ceux-ci tandis que toute la cohésion du groupe est soutenu par la voix de Rey Osburn (très influencé par celle de Chino Moreno des Deftones dans un registre plus grave). Toutes les marques du son de Sacramento sont donc massivement présentes sur tout ce disque pourtant visiblement méconnus car très loin de la puissance des disques de Will Haven, déchiré par les hurlements de Avenell et les riffs titanesque de Irwin.

Ghostride est pourtant non seulement un disque remplis de titres formidables, alternant entre des rythmes entrainant ("Star magic", "Diamond hawk") et des semi ballades au rythme à la doux et lourd doté d'une mélancolie légère ("White wings of death", "Snowflakes that kill"). "Cobra sunrise" est aussi le chainon manquant dans la discographie de Will Haven qui permet d'expliquer le revirement de production entre un "Carpe diem" saturé et massif, et un "The hyerophant" plus dynamique et plus proche du son des Deftones que de Crowbar. A découvrir ou a redécouvrir. De plus, Will Haven semble, enfin, être de retour avec Avenell au chant et il serait dommage de passer à côté de l'un des chapîtres les moins célébrés, à tort, de leur discographie.

Wednesday, February 10, 2010

Pourquoi aller voir Trash Talk à la Boule Noire ?


Pour bien définir ce qu'est Trash Talk il faut au préalable expliquer ce qu'est le fastcore.
Le fastcore est un genre de hardcore popularisé par des groupes comme Ceremony, Trash Talk, Sabertooth Zombie et Bracewar. Leur son emprunte très largement à la power violence pour mieux varier les plaisirs entre des parties très rapides, quasi blastés, et des riffs beaucoup plus lourd et dissonant donnant lieux à des instantanés d'une minute vingt où l'on passe de l'explosion au ralentissement propice à tout ce que le hardcore peut proposer dans la gamme de la danse violente (se référer au clip de "Step down" de Sick of it all pour quelques exemples).

Ce qui différencie Trash Talk de tout ces groupes c'est la synthèse maitrisé et concise qu'ils réussissent en créant des albums d'un quart d'heure dans lesquels on a envie de se replonger. La récente publication de leur discographie en deux parties se résume donc à deux CD d'un quart d'heure (aussi disponible en vynil). Les concerts sont eux aussi tout aussi bref mais le groupe compense très largement ce petit problème de temps en donnant dix fois plus d'énergie en quelque minutes que des groupes jeune de dix années en donnent pendant toutes leurs carrières.



Récemment enregistré par Steve Albini (Shellack, Big Black mais aussi producteur de Nirvana et Neuroris), les portes s'ouvrent maintenant bien en dehors de la sphère du hardcore pour cracher leur venin dans les oreilles de publics qui ne soupçonnent en rien ce qui les attend. Le groupe ouvrira donc pour Rolo Tomassi lors d'un passage parisien à la Boule Noire le 30 mars prochain. Un petit changement de taille après avoir donné des concerts mémorables (pour ceux qui y était, ce qui n'était malheureusement pas mon cas) au Klub et au Pixi (à Bagnolet). Jeter donc une oeil sur youtube si vous êtes indécis et vous pourrez constater que tout les sets du groupe se rejoignent sur un même objectif : destruction, destruction, destruction. De la destruction dont on construit des légendes dans l'histoire du rock and roll. Fastcore ou pas fastcore, Trash Talk fait parti d'une tradition de groupe possédé par le besoin, et non l'envie, de faire cette musique.

Trash Talk from nick sethi on Vimeo.


A noter qu'en France, déjà, d'autres se sont inspirés de l'élan destructeur et ravageur de Trash Talk et consort et font pleuvoir les blast et le two step dans les fosses parisiennes sous les noms de Donkey Punch et Black Spirals.

Tuesday, February 09, 2010

MF DOOM - 2003/2004 Where my DOOM at?

Entre la sortie d'"Operation doomsday" et de "Mmm... food", son deuxième disque, l'artiste ne se reposera pas pour autant et sortira plusieurs compilations intitulé Special herbs où il distille des instrumentaux dont il se servira parfois plus tard. Entre 1999 et 2002 l'actualité de MF DOOM est donc fait de featuring varié (Prefuze 73, The Herbalizer, Non Phixion) mais c'est en 2003 que tout se précipite.

Deux albums produit sous de pseudonyme vont donc paraître en 2003 sur deux labels différents, Big dada pour le "Take me to your leader" de King geedorah et Sound-ink pour "Vaudeville vilain" de Viktor Vaughn. Le troisième projet précèdent la sortie du deuxième album solo d'MF DOOM devra par contre attendre 2004 pour arriver dans les bacs. Il aurait cependant pu être disponible beaucoup plus tôt mais l'apparition mystérieuse des morceaux sur les réseaux de peer to peer de l'époque (soulseek, kazaa ...) forcèrent les deux collaborateurs, MF DOOM et Madlib, a repartir en studio pour composer de nouveaux morceaux. La place est donc libre pour deux nouvelles identités : King Geedorah et Viktor Vaughn.



King Geedorah est un monstre appartenant à l'univers de Godzilla (ou Gojira en VO). Une hydre à trois tête qui n'est sans rappelé la personnalité de MF DOOM puisque celui ci se partage aussi entre trois identités qui ne forment qu'une seule et même personne.



Le monstre partage ici sa vision de l'humanité et n'a donc rien à faire avec le concept du super vilain qu'MF DOOM dispense sur ses albums solos. Différents membres des Monsta Island Czar font des featuring, comme il se doit, puisque King Geedorah est l'identité que revêt DOOM dans ce side project. A noter que le livret contient une version à découper de l'illustration de couverture pour pouvoir reproduire chez soi ce petit montage.



Viktor Vaughn est aussi une autre personnalité de MF DOOM. Ici, le MC endosse le costume d'une moi plus jeune où il agit avec plus de violence et de virulence, comme sur "Open mic nite 2" où il conclut sa prestation en tirant avec un fusil mitrailleur. "Let me watch" est caractéristique de cette approche avec son échange entre deux adolescents au début de leur relation qui finisse par se froisser pour finalement pas grand chose. L'intégralité de l'album est aussi produit par d'autres personnes que MF DOOM (RJD2 et des artistes du label Sound-ink), une exception rare dans la carrière du MC.


"Just remember all caps when you spell the man's name"

Enfin, Madvillain, conçu en 2003 mais finalement sorti en 2004, permet la transition avec "Mmm... food" et constitue une sorte de chapitre intermédiaire dans la vie du super vilain. Les deux artistes se retrouvent dans un gout pour le sampling immodéré mais aussi dans leur capacité à se dédoubler, se tripler, voir se quadrupler pour ce qui est de Madlib. L'une des chansons est donc introduit par une petite liste des guest de l'album, annonçant tout les projets de chacun : "Yesterday's New quintet is here ... Viktor Vaughn ... Quasimoto ... and I'm your host, the super vilain". Aucune référence n'est faite au Dr Doom des comic book mais de nombreux extraits de films de gangsters interviennent au long du disque. Riche en sample donc, "Madvillainy" est un disque pulp où chaque chanson est composé comme un strip très court, mais suffisant pour proposer plusieurs rebondissement, avant de repartir dans une autre direction tout en créant une narration complète en moins de 45 minutes.



Enfin, le rappeur masqué apparait sur le disque de De La Soul sur le titre "Rock co kane flow" ainsi que sur le plateau du Last Call with Carson Daly où il n'est pas annoncé mais s'impose sans problème au côté de ses collèges visiblement amusé de voir ce maître à leur côté. Tout est donc prêt pour que "Mmm... food" débarque et reçoivent toute l'attention médiatique et public nécessaire.

Wednesday, February 03, 2010

MF DOOM - A la recherche du masque perdu

Né de la personnalité brisé de Daniel Dumile, MF DOOM alias DOOM alias Viktor Vaughn alias King Gidrah a pris d'assaut l'histoire du rap indépendant en passant par la voix royale pour ensuite partir d'une tragédie et devenir l'icône qu'il est aujourd'hui.



Icone car déguisé derrière un masque et de nombreuse identité. Les débuts du super vilain se font sous les traits d'un rappeur appelé Zev Love X. Derrière une simple paire de lunette, le jeune homme forme le tiers de KMD, un groupe de rap signé sur le label Elektra. Avec son frère au platine sous le nom de Subroc et un troisième acolyte appelé Onyx the Birthstone Kid, ils sortent "Mr hood" en 1991.


Très bien construit et en plein dans la vague béni du rap des années 90, KMD offre alors un album efficace et malicieux où des skits écrits autour d'un mystérieux Mr Hood dont les répliques sont extraites d'une cassette d'apprentissage de l'anglais (je présume). Les différentes scènes donnent lieu à une confrontation entre une bande que le fameux Mr Hood insulte à un moment en affirmant au leader de celle-ci qu'il "emmène sa mère voir de vielles églises". Surement une des meilleurs insulte jamais inventée.

Deux ans plus tard, en 1993, les deux frères enregistrent leur deuxième album, Bl_ck b_strd, dont la couverture, ni probablement le titre, ne plairont au label qui refuse de le sortir et interrompt la carrière de KMD. Celle ci atteint ensuite une fin tragique quand Subroc trouve la mort dans un accident de voiture (il est renversé par une voiture durant l'enregistrement du disque). Un voile est alors jeté sur les agissements de Daniele Dumile alias Zev Love X jusqu'en 1997.

Il aurait alors construit sa réputation dans des bars en faisant du slam, aurait commis un délit l'empêchant par la suite de partir en tournée (la récent tournée européenne annoncé il y a quelque jours contredirait cette rumeur mais pourrait aussi l'affirmer puisque c'est aussi la première fois que MF DOOM viennent rendre visite au vieux continent). Ces histoires viennent surtout appuyer le mythe autour de Daniele Dumile et le tragique qui fait de sa renaissance une sorte de version rap du Conte de Monté Cristo.

Le personnage de MF DOOM n'apparait donc qu'en 1997 et il faut attendre 1999. Le rappeur masqué fait alors parler de lui et collabore avec MF Grimm à l'élaboration de son premier album en compagnie de Robert 'Bobbito" Garcia, d'un certain Big Lou. L'album est enregistré dans les studios personnel de MF Grimm et deviendra un classique du rap indépendant dont la réputation ne cessera de grandir.

Déguisé derrière son masque, Doom s'inspire alors de l'histoire du Dr Doom, enemi mythique des Fantastic Four, défiguré par une expérience scientifique raté par excès de fierté dans la fiabilité de ses calculs. Blessé par l'industrie du disque à l'issu de l'échec de "Bl_ck b_st_rd", MF DOOM s'identifie au docteur et protège alors son visage par un masque lui permettant de se faire connaître tout en préservant son anonymat. Le public ignore donc la plupart des détails sur la vie de MF DOOM et seuls quelques informations d'ordre privé filtre selon les bons vouloir du MC qui s'exprime plus au sujet de sa musique devant les magnétophone de la presse que sur ses états d'âme.



Une autre personnalité de MF DOOM fait déjà son apparition sur ce disque puisque King Gihdra est déjà crédité comme guest sur deux titres ("Red and gold" et "Who do you think I am?") alors qu'il s'agit aussi de Dumile. Des membres du Monsta Island Czar (en référence à l'île des monstres où habitent les enemis et amis de Godzilla dans la série de film japonais) participent aussi au disque et montre à quel point MF DOOM sait s'entourer des meilleurs rappeurs.

Bien que marginalement connu par rapport à DOOM, les Monsta Island Czar regroupe des MC au talent considérable, comme l'excellent Rodan dont l'excellent "Theophany the book of elevations" semble être aujourd'hui pratiquement introuvable dans le commerce). Le groupe n'a toutefois sorti qu'un album, officiellement, puisque leur premier effort daté de 2001 n'est jamais sorti et qu'un troisième album a été annoncé mais ne s'est jamais encore concrétisé. En attendant, les membres continuent de produire de leurs côtés comme dans Kwite Def (aka Kamackeris).

Par la suite, d'autres noms viendront s'ajouter à la galaxie MF DOOM comme Raekwon et Ghostface Killah du Wu-Tang Clan, Madlib ou le regretté Jay Dilla.

Tuesday, November 24, 2009

Electromeca

Electromeca vit à Rennes et habite dans un territoire possédé par le breakcore et le dub step. Le principe du breakcore est d'inciter à danser de manière désordonné tout en bousillant chaque neurones, par paquet de mille, du public venu prendre sa dose en concert. Le principe du breakcore est aussi de brisé totalement l'attente de l'auditoire et se foutant de sa gueule de manière évite, ou non. J'ai un jour vu Bong-Ra mixé lors d'une soirée londonienne. Arrivé en avant dernière position durant la soirée après une nuée de Dj venu remuer les pieds agités de chacun, il s'est posé à ses platines et a commencé à mixer un mélanger d'indus, de dub et de breakbeat dont il connait le secret. Le public a ralentit le mouvement, a commencé à se trémousser doucement et aurait pu s'endormir si le set n'avait pas duré seulement quarante cinq minutes. Je me suis assis, j'ai écouté mais je n'ai pas autant dansé que sur les artistes que je n'étais pas venu voir. Bong-Ra, tout comme Venetian Snares, ignore la notion de continuité et de progression dans sa discographie. Il assemble des disques autour d'un thème ou d'une sonorité et compile cela sous la forme d'un cliché d'une époque que l'on appelle un disque. Electromeca en revanche mixe toutes ses influences à la manière d'un Dj breakcore mais avec l'obsession du groove que procure le dub step. Ce qui n'est par contre absolument pas dub step chez lui c'est la débauche de break et de beats variés. En conclusion, Electromeca habite dans un territoire où deux clans s'affrontent et n'a d'amis que dans les camps métissés.

Friday, October 30, 2009

Music for George part 3

Troisième et dernière partie du feuilleton de la matinée : les recommandations musicales de George. Je passe donc maintenant à un tout autre genre, car on a vite fait de se lasser d'entendre que de la grosse guitare dans une vie, d'autant plus quand il y a tant à écouter ailleurs. Mon attention se porte donc maintenant sur la musique électronique et le rap.

Le nom de Aaron Spectre (aka Drumcorps) ayant été prononcé hier, il me semble essentiel de parler du parrain de ce que l'on prénomme vulgairement le breakcore : Venetian Snares. Aaron Funk compose sous ce pseudonyme depuis plus d'une dizaine d'année et se fait un devoir de sortir au moins un album et un EP par an depuis son arrivée. Sa recette est un mélange d'influences electroniques variés formant une tambouille que l'on prénomme breakcore pour faciliter la vie de tout le monde. La réalité des choses est que les artistes assimilés à cette "scène" (Otto Von Schirach, Duran Duran Duran, Dj Donna Summer, Bong-Ra ...) ont tous un son vraiment unique et quelqu'un a trouvé de bon ton de mettre tout cela dans le même panier. Le seul point commun entre ces artistes et dont l'eclectisme dont ils font preuve et Venetian Snares en fait preuve à longueur de disque.

Son album le plus connu, et le plus applaudis par la critique, est sans conteste Rossz Scillag Alatt születt où les compositions du chef d'orchestre esthonien Arvo Pärt se retrouvent confrontés aux rythmiques destructurés du canadien. Un chef d'oeuvre auquel il faut aussi ajouter son pendant plus ambiant, My downfall (original soundtrack), moins apprécié mais tout aussi puissant par son atmosphère pesante et mélancholique.

Venetian Snares - Szamar Madar


La palette musicale de Funk n'est donc pas limité à l'electro et se renouvelle constamment de disques en disques en employant des samples aussi inattendus que des grognement de cochons (dans "Pig dync" sur le EP Horsey noises) ou la voix de Uma Thurman dans Kill bill dans "Where's Bill?" (sur le EP Infotainment)

Venetian Snares - Where's Bill?


Parlons maintenant un peu de rap. Mon spectre de connaissance dans le domaine est en construction constante et je me fais donc progressivement une discographie digne de ce nom dans le domaine. Je me focaliserais donc sur deux entités inévitable : Eric B and Rakim et El-P. Deux entités avant-gardiste dont la musique a eu une influence sur des centaines d'artistes dans le milieu rap et bien en dehors, grâce à un travail du son unique et novateur.

Eric B and Rakim - Eric B is the president


Ecouter Eric B and Rakim aujourd'hui revient a s'écrier toute les deux secondes "Ah c'est de là d'où vient ce sample !". "I ain't no joke !", "Pump up the volume !". Tant de phrases entendus des dizaines de fois ailleurs qui font parti de la culture musicale contemporaine et de la culture populaire que l'on doit à ce duo. Le phrasé de Rakim est en lui même une référence dans le genre et a influencé des dizaines de rappeur, tout comme ses rimes imparables. Le travail des samples et des basses de Eric B est quand à lui une source d'émerveillement constant quand on le compare à d'autres genres musicaux. La musique de Godflesh, par exemple, référence ultime de la scène "metal" indé actuel, doit énormement à Eric B and Rakim dans son atmosphère urbaine et son interaction entre le rythme et les riffs de guitares.

Godflesh - Circle of shit


Plus proche de nous se trouve un autre génie de la musique dont les racines sont plantés dans la culture hip-hop : El-P. Membre essentiel du trio Company Flow, El-P a d'abord fait ses armes en tant que producteur (El-P est le diminutif de el producto) et rappeur dans Company Flow avant que le groupe ne se sépare totalement après deux albums et ne parte fonder le label Definitive Jux (Def Jux pour les intimes) et commencer sa carrière solo. Il continue aussi de produire des titres ou des disques qu'il sort sur son label, véritable référence de la scène rap indépendante. On parle beaucoup de "rap de blanc" quand on parle de la musique de El-P, ce qui n'est pas faux, mais est très réducteur vu le champ des influences et la porté de sa musique.

Sur les deux disques de Company Flow, le premier est le plus essentiel. Funcrusher plus est encore et toujours un album unique et novateur, autant dans le travail des instrus que dans le flow déjà très riche de El-P et de son compagnon Bigg Jus.

Company Flow - 8 steps to perfection


Par la suite, sa carrière solo l'a vu emprunter des allées electronique et moins de sample traditionnels. Le résultat est un disque incroyablement riche et complet appelé Fantastic damage où le flow de El-P se fait encore plus complexe sur des instrus originale et dense.

El-P - Deep space 9mm


Aujourd'hui, ses compositions ont une culture rock, electronique, rap et toujours aussi unique. Son dernier et deuxième album (un troisième est en préparation) l'a vu accueillir Trent Reznor (Nine Inch Nails) ou Cedric Bixler (At the Drive-In, the Mars Volta) parmis des guest venus de son propre label comme Aesop Rock, autre concurrent de El-P dans la catégorie des rappeurs aux paroles extrémement bien écrite et originales. L'un de mes artistes favoris, soit dit en passant.

El-P - Flyentology (feat. Trent Reznor)


El-P @Myspace

Ceci conclut donc le feuilleton du jour. J'espère avoir apportés quelques bonnes recommandations à George et peut être à d'autres personnes par la même occasion. Bonne écoute et n'hésitez pas a laisser vos impressions dans les commentaires !

Music for George part 2

Le hardcore est un genre, et plus spécialement une culture, qui n'a franchement rien contre les influences metal. Bien que distincts de l'attitude et du son des groupes de metal, bon nombre de groupes de hardcore emprunte pléthore de riffs au genre et leur donne une coloration très différente. Un bon exemple de cet assimilation est a mon sens la scène dite "holy terror" dont l'un des plus fier représentant est Integrity.

Issu de la ville de Cleveland, Integrity a fait sa réputation avec des concerts réputés très dangereux si l'on voulait ressortir avec des membres dans le même état qu'en entrant dans la salle. Toutefois, au delà de la brutalité des concerts et de la stupidité de certains de leurs fans, il y a surtout un groupe aux chansons incroyablement efficace, une atmosphère vraiment particulière et un chanteur, Dwid Helyon, qui a su perdurer à travers les changements de line up pour que la flamme de Integrity continue de bruler.

Integrity - Micha


Le premier titre incontournable du groupe est bien entendu le single "Micha", première chanson, passé l'intro, du cultissime For those who fear tomorrow où chaque chanson fait preuve d'une originalité rare dans le milieu hardcore plus traditionnel (Converge et consort étant en bordure du genre et finalement assez différent du reste). L'influence de Slayer est inévitable et bien revendiqué par le groupe, comme ils le prouvent d'ailleurs dans le reste de leur discographie. Celle-ci est d'ailleurs piable à souhait puisque les disques ne sont pas réédités pour le moment (hormis For those who fear tomorrow) à cause de problèmes avec leur ancien label, Victory Records, et sa tête à claque de directeur. Des liens se trouvent sur leur page myspace pour télécharger les disques et je vous engage à ne pas vous priver.

Integrity @Myspace

A la même époque, d'autres groupe s'inspiraient aussi grandement de Slayer pour un résultat beaucoup plus metal. Je parle, bien évidemment, de All Out War qui, sous couvert d'être un groupe de hardcore grâce à quelque mosh part, fait surtout du Slayer avec dix fois plus de hargne que l'original. Du fait de problême avec le même label, la discographie d'All Out War est un peu perdus dans les limbes, ainsi que leur statut en tant que groupe actif ou non. Les derniers disques sur Victory sont toutefois encore disponible et mérite largement le déplacement quand on aime la musique rageuse et les riffs incisifs.

All Out War - Soaked in torment


All Out War @Myspace

Ainsi se conclut la deuxième partie des recommandations musicales de George pour passer ensuite à un tout autre espace musicale.

Music for George part 1

Hier soir, lors de l'anniversaire d'un dénommé Julian (il se reconnaitra),, j'ai eu l'opportunité de rencontre différentes personnes dont une a qui je consacre aujourd'hui ce post. Cette personne se prénomme George et a récemment découvert Converge. De la part de quelqu'un qui a écouté Anthrax, Suicidal Tendencies quand il était ado (un homme de gout donc) et continue d'écouter Slayer, ce n'est pas si étonnant que ça puisque les deux scènes, "hardcore" (même si le terme est plus que limité les concernant aujourd'hui) et metal ne se rejoignaient que dans une poignée de groupe de crossover (SOD, DRI ...). Aujourd'hui encore, ce que l'on vend comme du hardcore aux metalleux est plus que jamais du Slayer avec des mosh part, voir même du Slayer. Reste donc Converge, fier défenseur du "hardcore chaotique", dont l'évolution a été applaudis par la critique et par les fans, qui ne s'est jamais arrêté de produire des disques avec une porgression constante.

Cependant, commencer par la fin, c'est passer a coté de choses fantastiques, comme la vidéo qui suis le prouve, mais aussi une occasion de revenir sur le triptique Coalesce, Botch, Converge et leurs influences. Ce post n'est pas non plus consacrer qu'à Converge et aux groupes affiliés aux Bostonien et se veut surtout l'occasion de présenter plusieurs groupes et artistes qui pourraient intéresser les gouts éclectiques de ce fameux George. Hey oh, let's go !

The Saddest day


A mon sens, quand on parle de Converge, il ne faut pas passer a coté de ce premier "hit" du groupe. L'influence de Slayer y est vive, concassé entre des envollés de violence et des rythmiques brisés chère au groupe et dont ils feront leur marque de fabrique. Cette vidéo est aussi une bonne occasion de montrer à quel point les concerts de Converge sont des occasions de voir des gens voler dans tout les sens, autant sur scène que dans le public. Pour avoir vu le, désormais, quatuor sur scène l'année dernière, je peux affirmer que même si ils se sont assagis par rapport à leurs débuts, la force et l'énergie déployé pourraient toujours alimenter une petite ville pendant une semaine en électricité.

Converge @Myspace

En dehors de ce groupe, les membres hyper actifs s'occupent à d'autres activités. Jacob Bannon (chant) a son propre label, Deathwish, dont les signatures sont très souvent un gage de qualité (The Hope Conspiracy, Starkweather, Killing the Dream ...). Kurt Ballou (guitare) se charge généralement de produire tout ces groupes dans son propre studio et de leur donner un son massif et riche, autre gage de qualité du label, et pas des moindres. Bannon est aussi un artiste peintre dont l'oeuvre s'illustre aussi sur les pochettes des disques de son label. Il exerce aussi son gout pour une musique plus atmosphérique dans un projet nommé Supermachiner, qu'il partage avec Kurt Ballou, dont le premier album (Rise of the great machine) est un vrai bonheur si l'on aime les ambiances opressante. Enfin, avant de rejoindre Converge, Nate Newton (basse) jouait dans un petit projet personnel, entre punk et metal, appelé Doomriders. Cet excellent groupe, auteur de brulots comme "Darkness come alive" ou "Black thunder", a sorti deux très bon disques que George appréciera surement.

Doomriders @Myspace

Mais, avant Converge, qui avait il ? Et bien il y avait Deadguy. Je ne suis pas un fin connaisseur dans la scène hardcore du début des années 90 mais si il y a un nom qui revient constamment dans les chroniques des groupes de cet époque, c'est bien lui. Converge en était fan (et le sont encore, je présume) et n'ont jamais cachés leurs gouts pour Deadguy et leur unique album, Fixation on a co-worker. Par ailleurs, de la même époque, il me semble aussi important de connaitre Bloodlet.

Deadguy en concert


Mais avant Deadguy ? Et bien, il y avait Today is the Day. Ou, tout du moins, le Today is the Day du label Amphetamine Reptile. Etant fan de ce groupe qui est essentiellement le projet de son guitariste / chanteur / compositeur / producteur, Steve Austin, je suis plus familié avec leur discographie à partir de leur signature sur Relapse Record. In the eyes of God et Temple of the morning star sont aussi des pamps important de la musique moderne (Bill Kelliher et Brann Dailor de Mastodon ont d'ailleurs fait parti de TISD pour l'album In the eyes of God). Plus metal que leurs prédécesseurs, Supernova et Willpower, ce sont vers ces deux premiers disques qu'il se tourner si l'ont cherche à retracer la génèse du son Deadguy qui, eux-même, avouait n'être pratiquement qu'un "groupe de reprise de Today is the Day" (je ne me souviens plus où j'ai lu cette phrase mais je peux jurer, ce qui n'est certes, pas grand chose, de son authenticité).

Today is the Day a inspiré Deadguy qui ont ensuite inspiré Converge ce qui a ensuite donné lieu à ce que l'on appelle le hardcore chaotique. Or, qu'est ce que le hardcore chaotique ? Pour cela, point besoin de longues définition, mais juste de deux autres noms de groupes essentiels : Botch et Coalesce. Botch est le pendant "artificier du son" dans le genre grâce à un guitariste tout simplement incroyable et une gallerie de riffs immortelles.

Concert complet de Botch (en ouverture : St Thomas Howell as the "Soul man")



Coalesce en contreparti à un côté quasi jazz / blues dans son approche. Point d'improvisation et de solo mais une interaction ahurissante entre les quatres musiciens. Leur album de reformation, Ox, sorti cet année, est un parfait exemple de leur capacité à jouer ensemble et a créer un son unique à travers des touches, hardcore, metal, jazz et blues.

Coalesce - A disgust for details



Voici donc la première partie de ces recommandations musicales destinés à George. Je vais de suite m'atteler à l'écriture d'un deuxième post, par soucis de clareté, pour la suite.