Sunday, March 14, 2010

Atari Teenage Riot - 60 second wipe out (DHR Recording)


Annoncé cette semaine au festival de Dour, la reformation d'Atari Teenage Riot surprend puisque le groupe était mort et enterré pour tout le monde depuis le décès par overdose de l'un de ses membres, MC Clark Crack (on ne s'attardera pas sur l'ironie de la situation). Restait donc Alec Empire, occupé par sa carrière solo, Hanin Elias, occupé par sa vie de famille et Nic Endo, toujours au-côté de Empire, derrière les machines, mais ceux-ci avait juré leurs grands dieux de ne pas faire revenir sur le devant de la scène le monstre qu'était Atari Teenage Riot. Preuve qu'il ne faut jamais dire jamais. Mais en quoi est-ce une bonne nouvelle?

Née des influences punk et de l'immersion dans la culture transe et techno hardcore allemande, Atari Teenage Riot a toujours eu pour objectif de produire un chaos musical capable d'attirer l'attention des gens sur leurs opinions politiques. Leur premier single marquait déjà le pas en s'intitulant "Hunt down the nazis" dans le but de marquer leur opposition aux mouvements d'extrême droite qui prenait alors une place trop importante dans la scène techno allemande. Ils continuèrent ensuite de produire des disques aux paroles toujours aussi évocatrices ("Deutschland has gotta die!" ou "The future of war") mais sans aucune volonté de provoquer inutilement. Contrairement à bons nombres de groupes d'adolescents dont le port d'un tee-shirt invoquant Che Guevara n'est qu'un prétexte pour faire hurler les parents, Atari Teenage Riot a toujours agis en suivant un code de conduite stricte.

Autant influencé que par le punk des Sex Pistols que la techno hardcore et la drum and bass, Atari Teenage Riot se place dans la même lignée que Pitchshifter ou les Mad Capsule Markets en mariant l'intensité de la musique électronique à des textes anarchistes et un jeu de voix emprunté aux Beastie Boys. Il n'est donc pas surprenant que durant leur carrières ils aient partagés la scène avec eux, ait été distribué par leur label, Grand Royal, et ouvert pour le Wu-Tang Clan et Nine Inch Nails. Sur 60 seconds wipeout, le dernier disque qu'ils aient produits ensemble (jusqu'à leur retour aujourd'hui avec un nouveau MC) , leur son se fait plus rock et moins électronique en présentant toujours les marques de la culture transe qui animent le spectre punk des guitares.

Tout est démembré chez ATR pour que rien ne soit reconnaissable derrière la barrière de distorsion où s'affrontent les voix et les battements. Les paroles hurlés sont scandés par chacun comme des slogans politiques et des incitations à la révolte et à la danse. A se demander comment pouvait être retranscrite en studio cette énergie live décuplés sur scène? Agissant comme un collectif, les morceaux sont écrits par différentes personnes et en compagnie de différents intervenants allant d'un membre du groupe de rap The Arsonists à Dino Cazares, artistant du cyber metal au sein de Fear Factory. Pas de têtes pensantes. Nic Endo, Alec Empire et Hanin Elias collaborent ensemble avec comme seul absent notable MC Carl Crack dont la participation se limite à ses textes.

Alors, bonne nouvelle? A savoir maintenant si l'intensité des prestations d'Atari Teenage Riot et l'engagement de ceux-ci sera encore d'actualité pour rendre au quatuor allemand sa superbe et ne pas entacher la réputation d'indépendance et d'intégrité qu'ils ont construit jusqu'à alors. Pour avoir influencé l'un des meilleurs groupe de fusion japonaise, The Mad Capulse Markets, et avoir participé à l'émergence du breakcore, Atari Teenage Riot a déjà acquis une place dans l'histoire de la musique contemporaine. L'un des meilleurs alternatifs à l'alternatif. Onze ans après sa publication, 60 second wipe out continue de résonner comme un signal d'alarme et un cri de révolte mature et intense qui n'a absolument rien de nostalgique. Gageons que leur retour ne l'est pas non plus et qu'ils auront beaucoup à dire ensemble.

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