Thursday, July 29, 2010

Dour 2010, live report de la journée du 18 juillet

Parti dans l'idée de voir un groupe plus jazzy, j'ai d'abord été déçu par le début du concert de Shining (14H40), avant de me rappeler que ce que j'avais entendu de leur musique était, avant-tout, progressive. Une fois habitué à leur mélange prog/metal avec des touches de saxophone (interprété par le chanteur/guitariste), leur musique devint progressivement plus intéressante à mesure que je m'habituais au mixage du concert qui ne mettait pas particulièrement bien en valeur le jeu entre les instruments (deux guitares, une basse, une batterie, un clavier et un saxophone occasionnel). La raison en était que leur ingénieur du son était resté bloqué en Pologne, pour des raisons que le groupe lui-même ignorait. Bref, un concert dans des circonstances problématiques et pourtant bien exécuté, malgré tout, et aussi bien accueilli avec pas mal d'enthousiasme dans le public. Le succès critique de leur dernier disque, Black jazz, semble prendre feu et consumer de plus en plus de monde. A redécouvrir dans de meilleurs conditions.

Caché derrière des lunettes noirs et une coupe de cheveux, les yeux des deux membres de Moon Duo ((15H25) semblent ignorer le public. C'est d'autant plus approprié que très peu de personnes se trouvent devant cette trop grande scène pour deux musiciens, un guitariste/chanteur et une claviériste, tout deux accompagné par une petite boite à rythme. Rien d'impressionnant ou de mémorable dans la prestation, ou dans la musique. Juste du rock très éthéré, limite shoegaze, interprété juste assez longtemps pour ne pas lasser. Distrayant et approprié pour ce moment de la journée.

Même chose pour Melissa Auf Der Maur (16H10), bien que son groupe soit un peu plus actif que le couple de Moon Duo. Ancien membre des Smashing Pumpkins, de Hole et d'A Perfect Circle, son pop rock, un poil saturé, n'emprunte rien à ses anciens groupes. En revanche, l'influence de Black Sabbath se fait sentir par moment et pousse même jusqu'à une reprise, lente et assez originale, de "Paranoid". La banalité du reste de son set emporte par contre tout autre souvenir la concernant.

L'effet de surprise des concerts de Monotix (18H) est maintenant passé mais ça n'empêche pas leur prestation d'être toujours aussi festive et enthousiasmante. Le trio israélien a donc déjà installé sa batterie et ses amplis à côté de la scène et fait se rapprocher de suite le public, de tel façon que toutes les personnes éloignés de deux ou trois rangs ne peuvent voir grand chose. Sauf que, le groupe se déplace, batterie y compris, et apporte la bonne parole de leur rock and roll à travers la salle. Grimpé en haut d'un pilonne, le chanteur se tient d'un bras et continue de chanter, puis monopolise l'attention du public avant de se laisser tomber et d'aller chercher un bout de batterie pour en interpréter, soutenu par le public. La longueur du câble de la guitare l'empêchera de se rendre au bout de la salle, malgré les envies de bougeotte du groupe qui iront jusqu'à sortir de la salle en portant une partie du matériel, jusqu'à faire revenir tout le monde pour un sursaut final jouissif devant la scène.

Quatrième et dernier groupe important pour ma venue à Dour, Anti-pop Consortium (19H) se présente sur scène amputé d'un membre, Beans, interdit de voyager pour des raisons médicales. High priest et M. Sayid ne semble pourtant pas ressentir ce manque de leur compagnon, grâce aussi à la participation de Earl Blaize, aux machines et aux backing vocals, durant un set dédié principalement à leur dernier disque, Fluorescent black, plus "pop", malgré le patronyme du groupe, et à de nouveaux titres où M. Sayid chante avec quelques effets d'échos. L'enthousiasme des musiciens à jouer de nouveaux titres est contagieuse et prévoit de superbes concerts à venir lors de leur prochain double concert parisien au Point FMR.

Enfin, le dernier concert que j'attendais de la journée se présente quand Steve Von Till (20H), chanteur et guitariste des mythiques Neurosis, arrive sur scène. Très préoccupé à manipuler ses effets et sa tête d'ampli, l'homme ne communique avec le public que par son instrument, manifestement fait maison si j'en juge par son apparence et son absence de marque, dont il tire des sons pures et unique. Parfois plus proche de l'orgue que de la guitare, Steve Von Till compense bien largement l'absence de musiciens pour l'accompagner, et crée rapidement une atmosphère introspective dans une salle pourtant ouverte vers tout les débordements possible du public du festival. Aux accents folk, étiré par des effets et un travail du son, sa musique contraste seulement avec Neurosis dans son volume. On y retrouve par contre toute l'émotion et la sincérité du groupe qui ont fait de leurs concerts une expérience aussi prisé. La conclusion du concert avec une montée en puissance prodigieuse où il extrait de sa guitare l'équivalent du double de décibels, plus d'une basse, amène son set à une conclusion approprié et catharsique.

Je passe ensuite sur ma tentative de découvrir ce qui peut bien plaire autant dans la musqiue de Ghinzu (22H). Ils sont belges, certes, mais ça ne force personne à venir écouter leur pop rock? John Stargasm mérite, quand à lui, son pseudonyme de rock star vu son comportement scénique qui apporte, certes, un peu d'entrain au spectacle, sans sauver pour autant cette musique qui réussit, même si ce n'est pas un exploit, à avoir la peau sur les os alors que le groupe compte six musiciens!

Devendra Banhart et son indie rock a largement plus d'intérêt et ses mélodies me rappelle à quel point on peut faire une musique riche sans avoir besoin de faire des morceaux complexes et/ou expérimentaux. L'anti-thèse pourtant de ce que j'écoute généralement. Je n'écouterais surement sa musique chez moi mais pour une découverte scénique dans un festival c'est un très bon moment a passé. Le bonhomme est attachant avec ses airs maniérés de grande folle de San Fransisco (j'étais même étonné d'apprendre après qu'il n'était en fait pas gay). Facile de comprendre pourquoi il a trouvé chez Björk une collaboratrice approprié à ses histoires pop.

J'entends ensuite de loin les paroles de Sexy Sushi et je cours me réfugier vers Foreign Beggars dont le rap/electro fonctionne très bien en concert. Bon groupe de scène et grosse synthèse des dernières tendances electro gonflé par deux flows speed, le public réagit bien mais je me fatigue vite de leur manque de subtilité.

Ma dernière découverte sera donc The Glitch Mob (1H). Trio derrière des percussions et des boites à rythme tactiles, l'un des trois venant jouer de la basse sur le devant de temps en temps, leur electro manipule des rythmiques new wave, sans trace de guitare, bien accrocheuse, accompagné par des mélodies synthétique. Entrainant, et tout aussi intéressant sur disque, j'aurais du rester devant leur set plutôt que de me déplacer pour voir la petite déception que fut la prestation de Dj Kentaro (1H30).

Une vidéo d'introduction en l'honneur du défunt Roc Raïda des X-Cutionners me laissait présager d'un set de deejaying hip hop bien senti. L'option club est pourtant choisit par le japonais qui satisfait totalement les attentes de son public avec des beat dansant mais trop simple pour m'entrainer à suivre le pas. L'écran vidéo montrant sa technique ne trahit pas la technique du bonhomme mais mis au service d'un concert aussi plat, je préfère rentrer me coucher et finir ce festival de Dour avec de bons souvenirs en tête.

Le dernier mot sera toutefois pour une préoccupation extra musicale qui m'a dégouté de remettre les pieds là bas. Ayant logé dans le camping, j'eus donc la primeur du spectacle des festivaliers qui, ayant logé quatre jours (voir cinq jours pour ceux qui arrivaient un jour avant l'ouverture), abandonnés leurs détritus, leurs affaires, leurs chaussures sur le terrain. Un océan de détritus laissé à l'abandon pour que les bénévoles se chargent du nettoyage à leur place. Tout le monde s'en fous, tout le monde se casse. A l'année prochaine et on oublie pas de se dire enevoire avec le sourire.

Affligeant, dégueulasse. Les adjectifs s'accumulent et n'arrivent pas à la cheville de ce spectacle dont on aurait pas cru capable une bande de jeunes pourtant ultra sensibilisé au respect d'un minimum de propreté. Les organisateurs laissent faire les bénévoles et laissent tout ce petit monde repartir sans rien leur dire. Alors où est le respect? Un beau majeur laissé en guise de conclusion à un festival dont les groupes véhiculent une idéologie communautaire. Il est donc nécessaire de tirer un trait dans cet article, entre les groupes, l'organisation et une partie des festivaliers pour qui tout cela n'est qu'un prétexte à se bourrer la gueule, fumer et déconner avec les potes en hurlant à tue tête pendant quatre jours. Le quotidien des festivals? Pas dans ceux que j'ai pu faire (Hellfest ou Brutal Assault, deux festivals metal) et où je retournerais.

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