Monday, July 12, 2010

Faith no More - De la poussière d'ange dans un disque


La reformation de Faith no More fit peut-être plus parler d'elle que leur séparation et continue encore d'enthousiasmer tout ceux qui, comme moi, n'ont pas eu la chance de profiter du groupe quand il était encore en activité. Je me souviens encore les avoir vu sur mon écran de télévision interprété Ashes to ashes sur le plateau de Nulle Part Ailleurs. Les costards cravatte m'avait étonné de la part d'un groupe que j'associais tout simplement à la scène metal... ce que l'on peut être ignorant quand on est gosse! Classieux, ce single d'Album of the year, aussi bon soit il, n'était qu'une toute petite partie de l'identité de ce monstre de créativité dont on retient la voix de Mike Patton alors que sans le reste de ses membres ont eu, tout, voir plus d'importance dans le son de Faith no More que ce seul chanteur de talent.

A l'heure de l'enregistrement d'Angel dust, après le succès du single rap/metal "Epic" et sa voix aux poissons sautillant en dehors de son bocal (qui n'est toutefois pas mort pour la cause, contrairement à ce que les associations de protection des animaux ont crus à l'époque), les caméras de MTV visitèrent le studio de Matt Wallace, déjà producteur de Introduce yourself et The real thing) et montrèrent bien le processus créatif du groupe.

Chaque partie était le résultat d'une discussion de groupe où les propositions fusaient à travers la pièce alors que l'on enregistrait les parties de clavier de Randy Bothum. Billy Gould apparait alors très clairement comme le sage vissé au siège à côté du producteur, cartographiant le morceau avec précision pour proposer une perspective différente au claviériste. Silencieux, Mike Bordin n'est pas en reste dans l'élaboration du chateau de carte qu'est Angel Dust. Structure soutenu par sa frappe énergique et groovy, où viennent se poser des sonorités bigarés que tout producteur censé, si il avait été au service d'une major désireuse de ne pas prendre de risque, aurait refusé d'enregistrer.

Angel Dust ne pourrait être réaliser dans les même conditions aujourd'hui. Aucun grand label n'aurait accepté de sortir une telle collection de chanson. Bien que largement moins expérimental qu'un Trout mask replica, de Captain Beefheart, ou que les albums de Mr Bungle, le premier groupe de Mike Patton (dont la musique doit beaucoup à cette fameuse réplique de masque de truite), car fondamentalement pop, Angel Dust étire le spectre des influences en allant de Godflesh jusqu'a la musique de cirque ("Malpractice", seulement interprété pour la première fois sur scène par The Dillinger Escape Plan accompagné de Patton) et s'autorisant l'emploi d'un refrain scandé par des pom pom girl pour un hymne à la fellation ("Be aggressive").

"Easy", la conclusion du disque et reprise des Commodores, permit aux disques de trouver acquéreur chez d'innocents auditeurs qui s'attendaient à autre chose qu'une parade de riffs metal, sévèrement encadrés par les embardés vocales d'un Patton usant de tout son registre pour mieux servir les refrains de tout ces morceaux qui en font des classiques intemporels, et cela de la première à la dernière note. Que ce disque ait ensuite influencé bon nombre de groupe incapable de reproduire la créativité délirante du groupe échappe totalement à leur responsabilité et ne saurait être tenu contre le groupe. C'est pourtant cela qui permit à ce disque d'atteindre la première place d'une liste des albums les plus influents des années 90, publié par le magazine Kerrang!. Aussi populaire chez les critiques qu'auprès du public (bien que les ventes n'aient pas atteint celle de son prédecesseur à l'époque, tout du moins sur le sol américain), Faith no More a réalisé avec Angel Dust une collection de morceaux implacables qui garantit à jamais leur présence dans les livres d'histoire.

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