Saturday, May 29, 2010

Harvey Milk ou quand les blancs savent faire du blues


L'habit ne fait pas le moine mais les gars d'Harvey Milk ont tout l'air de pouvoir être votre père. Trois bonhommes avec des ventres a bières et des sourires débonnaires aux guitares aussi grasses que leur taux de cholestérol, composent des albums à la pelle sans attendre qu'on leur prête attention. Votre opinion, et la mienne, ils s'en foutent. Demandez leur ce qu'ils pensent de leurs disques dans un article et ils s'occuperont eux-mêmes d'en dire du mal.

Le genre de mec qui n'en a rien a faire. Le genre de mec capable de finir un disque à la croisée du blues, du sludge et du rock par une reprise de leur crue du thème des Looney Tunes (ce qu'ils ont fait sur leur avant dernier disque, Life... the best game in town). Parti d'un terreau sludge (comprendre très lourd, très lent et chargé en distorsion) ils ont troqués leur quotidien de musiciens l'instrument collés aux amplis par un peu plus de mélodie mais toujours pas de joie non plus.

Chez Harvey Milk on donne l'impression de ne pas mettre de cœur à l'ouvrage. On chante avec une voix aviné et même si on frappe fort, on s'épargne de trop dépenser de la testostérone à plaquer des riffs à la pelle. A chacun son rythme est le leur est lent, mais pas trop, triste mais avec le sourire en coin, dépréciatif mais fier de l'être. Ils ont tournés avec Oxbow et Red Sparowes quand ils sont venus nous voir en France mais ils se rapprochent surtout des Melvins, autre groupe débonnaire qui n’a jamais fait aucun effort pour être aimé (et tant mieux).

Harvey Milk fait donc tout de travers et comme il se doit, en composant un album intitulé A small turn of human kindness, ils chroniquent des tragédies humaines au son d'un blues chargé de distorsion qui vous arrachera des larmes comme eux arrachent des lamentations de leurs instruments (voir, cordes, peau de batterie, personne ne s'en remettra). L'album est excellent mais le reste de leur discographie aussi. Tout est bon dans le cochon et ses trois frères ont construit un édifice sonore capable de résister au souffle des loups les plus déterminés. Rien n'ébranlera Harvey Milk si ce n'est cette tragédie qui semble tant les affecter de disque en disque sans jamais qu'il puisse s'en remettre, la vie.

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