Sunday, April 18, 2010

Monarch! + Desecrator @ la CIP le 13/04


Ce soir le concert avait lieu non pas dans une salle de concert huppée mais à la Coordination des intermittents et précaires d'Ile de France, un ensemble de collectif visant à mener des actions pour obtenir le droit à l'allocation chômage des intermittents du spectacle. Défini par la C.I.P. comme "un point d'appui pour diverses formes d'action, de pensée, d'accueil, de fabrication ; il est un lieu de lutte et de convivialité, hors du circuit marchand", ils sont aujourd'hui menacés d'expulsion par la Mairie de Paris. Ce concert était donc organisé en soutien à cette structure dans le but de récolter de l'argent. Toutefois, en respect des principes fondateurs de la structure, le prix était libre et ouvert à tous. Se croisait alors des fans de doom, de grind, des punks et leurs chiens (qui suivaient docilement leur maître) tout au long d'une soirée à l'atmosphère où se croisaient pourtant deux vitesses diamétralement opposé : très rapide pour Desecrator et extrêmement lent pour Monarch!

Sortant de répètition je n'ai pas pu assister à la toute première partie assuré par Black Widow et ma soirée commença donc avec Desecrator. Le grindcore très traditionnel (dans la veine des débuts de Napalm Death) de ces parisiens satisfait les punks, crust et autre amateurs d'excès de vitesse. La basse sature par contre beaucoup trop et fait perdre en puissance aux riffs. L'énergie n'est pourtant pas des moindres et sans comprendre quoi que ce soit le sourire vient et la tête de bouger en rythme avec les explosions des baguettes contre les toms et les cymbales. Rien ne distingue Desecrator d'autres groupes du genre en dehors du fait qu'ils font ce qu'il faut, là où il faut et avec l'énergie qu'il faut.

Arrive enfin sur scène la raison de ma venue. Le 23 juin 2008, en ouverture d'Overmars au Point Ephémère, j'étais tombé raide dingue de ce quatuor de Bayonne resté à l'abri des rayons de soleil de la région et parti rejoindre les abimes de Khanate et de Moss. Mon obsession avait alors pris de l'ampleur et j'avais pratiquement tout collectionné et écouté avec attention sans que l'impact des basses sortant de mes maigres enceintes avait pu atteindre l'explosion nucléaire du concert auquel j'avais assisté. Deux ans plus tard me revoilà donc devant la scène a observé le même trio que j'avais alors vu mais avec un nouveau batteur, tout droit venu d'Australie, recruté après le décès de Grey Daturas (avec qui Monarch! a partagé un split). La chanteuse, passé de rousse à blonde, prépare un matériel impressionnant posé sur une table et les amplis sont triturés avec l'intention d'un duo de cuisinier manipulant avec parcimonie les condiments au dessus de leurs marmites.

Un membre de la C.I.P. intervient en ouverture, explique les raisons de ce concert, puis laisse très vite la place au quatuor. Bayonne / Melbourne connexion. La basse grossit et la première frappe sonne. Les instruments reste en suspension dans les airs, le bassiste (chef d'orchestre) indique au batteur quand repartir et la frappe de repartir en laissant toujours sonner la distorsion le plus possible. Le rythme n'est pas seulement lent, il est éléphantesque. Une tortue des Galapagos pourrait battre de vitesse les riffs de Monarch! mais elle serait très vite rattrapé par la vague de son qui la recouvrirait bien vite. Rien ne sert de courir, il faut frapper à point. A l'inverse de Desecrator, Monarch! manipule la puissance avec calme et patience. Nuageuse, le chant d'Emilie constitue la seule touche mélodieuse mais en aucun cas apaisante. Rien ne vient interrompre la tension crée par ces quatre instruments. Doucement, les cordes s'acheminent vers un riffs doom au bout d'un quart d'heure de musique et Emilie d'hurler à plein poumon que l'on imaginerait pas capable de déchainer tant de violence depuis le tee shirt Celtic Frost taille S qu'elle porte.

Les deux faces de Sabbat noir interprétés ce soir montre donc une évolution majeur pour Monarch! Un tempo un peu plus rapide et un riff épais là où il n'y avait que de la déstructuration et des secousses de distorsion articulés avec le raisonnement des claquement de baguette et des hurlements que l'on aurait peine à attribuer à cette figure de proue aussi charmante que terrifiante quand elle porte un micro à ses lèvres. Le nom du disque convient aussi très bien à cette évolution tendant de plus en plus vers les raisonnement d'une cérémonie occulte sans aucune prétention religieuse. La noirceur est émotionnelle et d'autant plus efficace qu'elle parle à chacun mais effraie tout autant et ne plaira donc qu'à ceux que l'effort de domestiquer cette abstraction sonore n'effraie pas. Reparti avec le vinyle de ce duo de morceau, j'ai eu plaisir à redécouvrir chaque mouvement une fois chez moi tout en regrettant qu'il me faudrait encore attendre pour revivre une expérience d'une telle puissance.

1 comment:

archives desecrator said...

http://desecrator.toile-libre.org/desecrator%20home.html