Tuesday, April 27, 2010
Quicksand: Dérapage contrôlé
Après avoir parlé de Far et de Cave In, le temps est venu de remonter un peu en arrière pour parler du chainon manquant qui en amena beaucoup de la saturation à la mélodie, Quicksand. Le terme post hardcore avait alors encore le sens d'un enchainement d'un homme venu du hardcore parti vers un son encore plus personnel. Walter Schreifels est le nom à retenir dans ce quatuor. Membre de deux noms majeurs dans la scène hardcore New Yorkaise, Youth of Today et Gorilla Biscuits (deux des références du hardcore moderne de Have Heart, Verse and co).
Peu avant la conclusion de Gorilla Biscuits en 1991, Schrielfels enregistre pour Revelation Records un EP constitué de morceau qui seront ensuite remodelés ("Omission" et "Unfulfilled") pour apparaître sur Slip. Ce dernier est le disque essentiel de la discographie de Quicksand. Celle-ci n'est d'ailleurs pas bien longue puisque le groupe s'éteindra après l'enregistrement de Manic compression en 1995. Agréable mais moins remarquable que Slip, Manic compression pâlit face à la perfection des douze morceaux alliant à la perfection la saturation et la simplicité du hardcore à des mélodies qui influenceront par la suite les Deftones ou Isis. On retrouve déjà une partie du son de ces derniers dans "Baphomet" et sa saturation entrecoupé de mélodies enlevés. Isis poussera l'expérimentation encore plus loin (sans compter l'influence que Godflesh et Neurosis a eu sur eux) mais les graines sont plantés pour la suite. Le nom est là, il faudra juste cultiver.
Les apports de Quicksand sont donc multiples pour des groupes très différents qui ont pour point commun un croisement entre des guitares croisant une distorsion pure à des mélodies empreint d'une saturation venu de toutes les directions du rock, du hardcore, au metal. Un son capable de mettre tout le monde d'accord. La voix prend alors une place très secondaire. Schrielfiels atténue son cri tout en ne chantant toujours pas. Entre deux styles, ce mariage convient pourtant très bien aux textes où il continue de déclamer des thèmes cher au milieu hardcore comme le besoin de s'exprimer et de ne pas se laisser abattre.
"All sense aside, left ou in the cold sight of your routine, getting old. Blame some indifference inside, taken on shapes not too selective, just what you find".
Fazer
"Turned up on your side, the one that you choose. Why should they mind? Scared of what you're thinking"
Lie and wait
Un monument de sincérité et d'efficacité fidèle à l'énergie et l'idéologie punk gonflé par une réflexion sonique et personnelle. La conclusion de Quicksand amènera la création de Rival Schools (qui partagera un fameux split EP avec le premier projet solo de Jonah Matranga de Far, Onelinedrawing) où les ambitions mélodiques de Schriefels prendront une tournure plus rock mais tout aussi efficace sur un excellent disque, United by fate, qui devrait prochainement être suivi par un nouvel album, peut-être enfin disponible cette année.
Monday, April 26, 2010
The Cure - Les symphonies névrotiques de Thierry Desaules (Alphée édition) 2010
A l'instar de son précédent ouvrage sur Placebo, Thierry Desaules laisse de nouveau cours à sa passion pour l'histoire d'un groupe dans ce volume consacré à Robert Smith et plus globalement à the Cure. Passé l'introduction, de rigueur, où Desaules, décrit les débuts de sa passion pour The Cure, il introduit ensuite les débuts de Robert Smith, son adolescence et sa passion identique pour le punk rock et les débuts de sa carrière musicale.
Extensivement documenté sur tout ce qui concerne la vie privé des membres de The Cure, tant que cela concerne aussi leurmusique (le livre ne succombe jamais sous une masses d'anecdotes douteuses ou inutiles), Les symphonies névrotiques permet de mettre dans un contexte personnel l'évolution du groupe et les divers albums mythiques qu'on lui doit, tel que Pornography, Disintegration ou Wish. Journaliste de formation, l'auteur ne s'aventure pas dans la musicologie pour analyser la musique de The Cure mais exprime très bien les différentes atmosphères voulus par le groupe sur chaque album et les circonstances précises de leur création.
Pour se faire il fait appel à de nombreux extraits d'interviews piochés dans la presse de l'époque (et amplement détaillé dans la biographie à la fin du volume) et à des témoignages d'artistes fans de The Cure. Des plus connus (Rinocérose) au moins (Junkstar), ceux-ci apportent une vision plus ou moins intéressante de la vie de The Cure. C'est donc à la fois l'aspect le plus original du livre mais aussi son plus dispensable puisque les citations ne font appel qu'aux gouts des musiciens et non à l'impact des disques sur leur manière de composer. Bref, quelque chose de plus concret mettant en valeur à la fois la musique de The Cure et la leur.
Passionné, l'auteur ne laisse par contre pas son amour pour le groupe dévorer les pages de l'ouvrage en révérence inutile (contrairement à sa biographie de Placebo) et introduit parfois son opinion sur des titres qu'il juge peu ou moins intéressant. Ces interventions sont par contre tout à fait approprié et apporte plus de personnalité à un ouvrage dont le contenu est, dans l'ensemble, rédigé de façon à décrire l'action avec un minimum de distance. Toutes les érances de Robert Smith et de ce groupe qui est à la fois sa malédiction que la source de jeunesse où il exprime le malaise, la mélancolie et le romantisme qui auront bercés plusieurs générations de fans et de groupes. Un bien agréable manière de découvrir la vie et l'œuvre de ce groupe dont le nom est aujourd'hui synonyme d'excellence pour des groupes et artistes de toute confession musicale.
Sunday, April 18, 2010
Monarch! + Desecrator @ la CIP le 13/04
Ce soir le concert avait lieu non pas dans une salle de concert huppée mais à la Coordination des intermittents et précaires d'Ile de France, un ensemble de collectif visant à mener des actions pour obtenir le droit à l'allocation chômage des intermittents du spectacle. Défini par la C.I.P. comme "un point d'appui pour diverses formes d'action, de pensée, d'accueil, de fabrication ; il est un lieu de lutte et de convivialité, hors du circuit marchand", ils sont aujourd'hui menacés d'expulsion par la Mairie de Paris. Ce concert était donc organisé en soutien à cette structure dans le but de récolter de l'argent. Toutefois, en respect des principes fondateurs de la structure, le prix était libre et ouvert à tous. Se croisait alors des fans de doom, de grind, des punks et leurs chiens (qui suivaient docilement leur maître) tout au long d'une soirée à l'atmosphère où se croisaient pourtant deux vitesses diamétralement opposé : très rapide pour Desecrator et extrêmement lent pour Monarch!
Sortant de répètition je n'ai pas pu assister à la toute première partie assuré par Black Widow et ma soirée commença donc avec Desecrator. Le grindcore très traditionnel (dans la veine des débuts de Napalm Death) de ces parisiens satisfait les punks, crust et autre amateurs d'excès de vitesse. La basse sature par contre beaucoup trop et fait perdre en puissance aux riffs. L'énergie n'est pourtant pas des moindres et sans comprendre quoi que ce soit le sourire vient et la tête de bouger en rythme avec les explosions des baguettes contre les toms et les cymbales. Rien ne distingue Desecrator d'autres groupes du genre en dehors du fait qu'ils font ce qu'il faut, là où il faut et avec l'énergie qu'il faut.
Arrive enfin sur scène la raison de ma venue. Le 23 juin 2008, en ouverture d'Overmars au Point Ephémère, j'étais tombé raide dingue de ce quatuor de Bayonne resté à l'abri des rayons de soleil de la région et parti rejoindre les abimes de Khanate et de Moss. Mon obsession avait alors pris de l'ampleur et j'avais pratiquement tout collectionné et écouté avec attention sans que l'impact des basses sortant de mes maigres enceintes avait pu atteindre l'explosion nucléaire du concert auquel j'avais assisté. Deux ans plus tard me revoilà donc devant la scène a observé le même trio que j'avais alors vu mais avec un nouveau batteur, tout droit venu d'Australie, recruté après le décès de Grey Daturas (avec qui Monarch! a partagé un split). La chanteuse, passé de rousse à blonde, prépare un matériel impressionnant posé sur une table et les amplis sont triturés avec l'intention d'un duo de cuisinier manipulant avec parcimonie les condiments au dessus de leurs marmites.
Un membre de la C.I.P. intervient en ouverture, explique les raisons de ce concert, puis laisse très vite la place au quatuor. Bayonne / Melbourne connexion. La basse grossit et la première frappe sonne. Les instruments reste en suspension dans les airs, le bassiste (chef d'orchestre) indique au batteur quand repartir et la frappe de repartir en laissant toujours sonner la distorsion le plus possible. Le rythme n'est pas seulement lent, il est éléphantesque. Une tortue des Galapagos pourrait battre de vitesse les riffs de Monarch! mais elle serait très vite rattrapé par la vague de son qui la recouvrirait bien vite. Rien ne sert de courir, il faut frapper à point. A l'inverse de Desecrator, Monarch! manipule la puissance avec calme et patience. Nuageuse, le chant d'Emilie constitue la seule touche mélodieuse mais en aucun cas apaisante. Rien ne vient interrompre la tension crée par ces quatre instruments. Doucement, les cordes s'acheminent vers un riffs doom au bout d'un quart d'heure de musique et Emilie d'hurler à plein poumon que l'on imaginerait pas capable de déchainer tant de violence depuis le tee shirt Celtic Frost taille S qu'elle porte.
Les deux faces de Sabbat noir interprétés ce soir montre donc une évolution majeur pour Monarch! Un tempo un peu plus rapide et un riff épais là où il n'y avait que de la déstructuration et des secousses de distorsion articulés avec le raisonnement des claquement de baguette et des hurlements que l'on aurait peine à attribuer à cette figure de proue aussi charmante que terrifiante quand elle porte un micro à ses lèvres. Le nom du disque convient aussi très bien à cette évolution tendant de plus en plus vers les raisonnement d'une cérémonie occulte sans aucune prétention religieuse. La noirceur est émotionnelle et d'autant plus efficace qu'elle parle à chacun mais effraie tout autant et ne plaira donc qu'à ceux que l'effort de domestiquer cette abstraction sonore n'effraie pas. Reparti avec le vinyle de ce duo de morceau, j'ai eu plaisir à redécouvrir chaque mouvement une fois chez moi tout en regrettant qu'il me faudrait encore attendre pour revivre une expérience d'une telle puissance.
Monday, April 12, 2010
Thrones + Nadja + OVO @ Les Instants Chavirés le 11/04/10
Habitué à abriter les évènements arty, l'arrivée sur la scène des Instants Charvirés d'un couple habillé de tissu noir, d'une cagoule pour l'homme et d'un masque accompagné de petites oreilles de chèvres faites maisons, sonnant clochette pour annoncer leur monté sur scène, a tout-de-même de quoi surprendre. OVO est un duo basse batterie italien venu recréer sur scène son sludge à tendance expérimental et parfois aussi bancale. Le batteur, imposant, se place derrière son minuscule kit de batterie et frappe avec puissance et précision le même rythme pendant que sa compagne frappe ses cordes vrombissantes avec une voix mi chanté, mi hurlé aux accents chevrotant (on comprends mieux la présence d'oreilles sur sa tête).
Si il fallait faire plus étonnant alors il n'y avait plus qu'à attendre que le bonhomme quitte son quitte et parte derrière sa compagne pour glisser ses dreadlocks sous sa tunique ... puis repartir. Le reste du concert sera un tantinet plus rock avec des morceaux plus court et plus rapide. La basse remplit bien l'espace sonore que les frappes martelés perces sans peine. D'un point de vue sonore il y a quelques bonnes idées qui ont le mérite d'être visuellement originale (comme quand la bassiste posera son instrument pour saisir un archet et créer des sons en le frottant contre ses longues dread locks. On ne peut douter de la passion que le couple met dans son spectacle mais plutôt de sa pertinence en dehors de la scène. Passé le visuel, il n'y a pas grand chose à écouter qui ne puisse valoir le détour si l'on a pas la représentation atypique devant les yeux. Le ton ne sera pas donné non plus par cette performance car elle restera la plus visuel des trois.
Le second couple a monter sur scène est celui de Aidan Baker et de Leah Buckareff sous le nom de Nadja. Sans costume ni artifice, la lumière s'éteint et le mélange de nappe shoe gaze et de drone de la guitare et de la basse, augmenté de quelques effets déposés sur la table à côté de laquelle ils jouent, ainsi que d'une boite à rythme, prend progressivement de l'ampleur. Pendant une seule petite demi-heure le couple prendra possession de l'attention malgré le peu de stimulus visuel que propose leur concert. Seulement deux titres, alors que le duo a à son actif une bonne quinzaine d'albums, allongés et triturés en conservant toujours une trame mélodique prenante, exécutés sans communication avec le public et quelque petits passages chantés par Baker que le micro ne laissait que peu entendre sous les couches de sons. Deux morceaux et pas de spectacle mais du son superbe et fascinant dont on mangerait tout les jours.
Enfin, je ne savais pas quoi attendre de la performance de Joe Preston dans Thrones. Avant le début du concert on m'avait parlé d'une performance précédente où l'homme s'était éclipsé au bout de vingt minute de concert "car il était fatigué par le voyage". Je n'avais aussi qu'un souvenir vague de son disque, "Day late, dollar short", écouté il y a facilement trois ans et jamais plus écouté ensuite (j'étais venu voir Nadja ce soir, pensant même qu'ils seraient en tête d'affiche). La montée sur scène de Preston était donc encombré de question jusqu'à ce qu'il vienne les dissipé avec sa basse, ses effets et sa boite à rythme.
Poussé à bloc, les rythmes rock et sec rapellent Godflesh tandis que la basse gonflé et les lignes de chant font penser aux Melvins (groupe dont il a fait partie il y a bien longtemps). La fusion des deux est inattendu et pas très bien rendu passé l'effet de surprise. Deux morceaux et ensuite un trip drone qui s'éternise avant de revenir au rock mécanique fort en basse. La batterie est très bien programmé et l'homme joue parfaitement en rythme sauf que sa voix monotone ne comble pas l'absence de mélodie et qu'aussi bien composé puisse t'être un titre rock joué à la boite à rythme, cela reste très mécanique. Il aurait surement fallu un batteur pour donner de la pêche à ce concert, coincé entre un homme raide au milieu de la scène et des vagues de son, massif mais dénué de groove. Quelque regret et seulement le plaisir d'avoir assisté à une curiosité.
Joe, lâche la mécanique et appelle un pote ! Ca prend plus de place dans le van mais ça tient plus compagnie sur la route et sur scène! Merci tout de même à Nadja d'avoir sauvé ma soirée.
Si il fallait faire plus étonnant alors il n'y avait plus qu'à attendre que le bonhomme quitte son quitte et parte derrière sa compagne pour glisser ses dreadlocks sous sa tunique ... puis repartir. Le reste du concert sera un tantinet plus rock avec des morceaux plus court et plus rapide. La basse remplit bien l'espace sonore que les frappes martelés perces sans peine. D'un point de vue sonore il y a quelques bonnes idées qui ont le mérite d'être visuellement originale (comme quand la bassiste posera son instrument pour saisir un archet et créer des sons en le frottant contre ses longues dread locks. On ne peut douter de la passion que le couple met dans son spectacle mais plutôt de sa pertinence en dehors de la scène. Passé le visuel, il n'y a pas grand chose à écouter qui ne puisse valoir le détour si l'on a pas la représentation atypique devant les yeux. Le ton ne sera pas donné non plus par cette performance car elle restera la plus visuel des trois.
Le second couple a monter sur scène est celui de Aidan Baker et de Leah Buckareff sous le nom de Nadja. Sans costume ni artifice, la lumière s'éteint et le mélange de nappe shoe gaze et de drone de la guitare et de la basse, augmenté de quelques effets déposés sur la table à côté de laquelle ils jouent, ainsi que d'une boite à rythme, prend progressivement de l'ampleur. Pendant une seule petite demi-heure le couple prendra possession de l'attention malgré le peu de stimulus visuel que propose leur concert. Seulement deux titres, alors que le duo a à son actif une bonne quinzaine d'albums, allongés et triturés en conservant toujours une trame mélodique prenante, exécutés sans communication avec le public et quelque petits passages chantés par Baker que le micro ne laissait que peu entendre sous les couches de sons. Deux morceaux et pas de spectacle mais du son superbe et fascinant dont on mangerait tout les jours.
Enfin, je ne savais pas quoi attendre de la performance de Joe Preston dans Thrones. Avant le début du concert on m'avait parlé d'une performance précédente où l'homme s'était éclipsé au bout de vingt minute de concert "car il était fatigué par le voyage". Je n'avais aussi qu'un souvenir vague de son disque, "Day late, dollar short", écouté il y a facilement trois ans et jamais plus écouté ensuite (j'étais venu voir Nadja ce soir, pensant même qu'ils seraient en tête d'affiche). La montée sur scène de Preston était donc encombré de question jusqu'à ce qu'il vienne les dissipé avec sa basse, ses effets et sa boite à rythme.
Poussé à bloc, les rythmes rock et sec rapellent Godflesh tandis que la basse gonflé et les lignes de chant font penser aux Melvins (groupe dont il a fait partie il y a bien longtemps). La fusion des deux est inattendu et pas très bien rendu passé l'effet de surprise. Deux morceaux et ensuite un trip drone qui s'éternise avant de revenir au rock mécanique fort en basse. La batterie est très bien programmé et l'homme joue parfaitement en rythme sauf que sa voix monotone ne comble pas l'absence de mélodie et qu'aussi bien composé puisse t'être un titre rock joué à la boite à rythme, cela reste très mécanique. Il aurait surement fallu un batteur pour donner de la pêche à ce concert, coincé entre un homme raide au milieu de la scène et des vagues de son, massif mais dénué de groove. Quelque regret et seulement le plaisir d'avoir assisté à une curiosité.
Joe, lâche la mécanique et appelle un pote ! Ca prend plus de place dans le van mais ça tient plus compagnie sur la route et sur scène! Merci tout de même à Nadja d'avoir sauvé ma soirée.
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