Sunday, September 12, 2010

Le petit bus du rock industriel de Richard Patrick


Trent Reznor is Nine Inch Nails et Filter is Richard Patrick, deux groupes d'indus au destin commun comme le tronc et l'une des branche d'un même arbre. Deux nerd isolé cultivent leurs passions musicales au fond du bus de ramassage scolaire, chacun dans leur ville respective. Trent Reznor travaille à son premier album dans le studio où il est engagé comme ballayeur. Il rencontre Richard Patrick dans un magasin de disque et l'invite à rejoindre la formation live de Nine Inch Nails. Celui-ci ne contribuera pas grand-chose aux enregistrement et l'envie de former son propre projet montera progressivement jusqu'à son départ de N.I.N. à l'époque de l'enregistrement de The Downward spiral.


Il fonde alors avec un deuxième acolyte, Brian Liesegang, le filtre qui lui permettra d'exprimer toute l'animosité qui l'a travaillé pendant ses années au fond du petit bus. Le petit bus, aux Etats-Unis, est le nom donné au bus pour handicapés afin qu'ils ne soient pas emmerdés par les autres. Ce bus, Patrick l'a pris et est sorti avec une folle envie de faire savoir que la colère de nerd sait se faire entendre quand elle passe par des instruments, dont un studio d'enregistrement, puisque le travail de Patrick et Liesegang sur Short bus réside à la fois devant et derrière la console.

Le crédit de l'écriture des morceaux revient toutefois à Patrick (petit frère de l'acteur Robert Patrick, le T-1000 dans Terminator 2, pour l'anecdote) dont la personnalité s'exprime par les pulsations electro rock et une texture de rifff rock surdosé frolant le mur de son tout en restant catchy car entrecoupés par de légère nappes de clavier.

En soi, Short bus est un album d'indus très soft, plus rock que mécanique, et aussi plus facile d'accès que la production torturé de Trent Reznor. Les pulsions suicidaires de Reznor ne figurent pas dans la liste des traumas de Patrick qui préfère exprimer un mal-être adolescent et passe même par la ballade acoustique pour composer un hymne aux heures perdus que l'on aimerait passer ailleurs, Stuck in here. "Laissez moi tranquille", le message de Richard Patrick est plutôt clair tout au long de ce disque.

Encore peu adroit de ses cordes vocales ou des cordes de sa guitare, les onze plages de Short bus se rejoignent pourtant très bien grâce à ce petit air maladroit et pourtant très efficace. Le nerd se réveille et montre son talent pour l'écriture de hit comme "Hey man, nice shot", encore l'un des titres les plus connus du groupe. Ma préfèrance va toutefois vers "Dose" et son riff plombé et "It's over" pour le groove de son refrain au jeu de mot simple et définitif, "Watch your back, I got mine" (préoccupe toi de toi-même et laisse moi tranquille).

Quand Patrick apprendra a chanter et a composer des pièces encore plus puissantes et pop sur Title of record, il aura d'abord été quitté par son compagnon de la première heure et endossé la personnalité d'une rock star alcoolique assumant l'ego dont il avait déjà fait preuve au début du groupe en demandant à ce que le responsable du sticker mentionnant sur Short bus son statut d'ex membre de Nine Inch Nails soit viré. Ce n'est cependant pas une critique et avoir un ego quand on est musicien est quasiment un pré requis pour monter sur scène et s'exprimer.

Short bus porte la marque des envies d'un musicien tout en constituant l'une de ses plus belle réussites du fait de son manque d'assurance et de ses hésitations plus humaines que le mur du son de ses productions suivantes. Sorti à la même époque que Nine Inch Nails, la production de l'ancien compagnon de route aura indubitablement marqué cet album, que Patrick l'apprécie ou non, mais sans réussir à se détacher de son ombre, il aura produit un disque des plus honorable dans la galerie de suiveur du rock industriel perturbé qui suivit la spirale descendante de l'ascension de Trent Reznor.

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