Sunday, June 20, 2010

Earthtone 9 - Retour inattendu


L'industrie musicale vit son Retour des Morts Vivants depuis au moins deux ans. Tout les groupes que l'on pensait enterrer, séparer, fâcher à mort, reviennent sur scène et produisent des albums. Certains font preuve de bon gout et se contentent de jouer leurs anciens titres, comme avant (Biohazard, Carcass). D'autres s'essaient à l'épreuve du nouveau disque et agitent les fans sans déchainer les passions (Pestilence, Anthrax). Tous reviennent, même ceux dont vous vous foutiez. Earthtone 9? Qui a entendu parler de ce groupe en dehors d'Angleterre? Pourtant, ils ont décidés de se donner une nouvelle chance et se produiront cette année dans le cadre du Damnation fest.

Earthtone 9 ça aurait pu être mais ça n'a jamais été, commercialement parlant. Soutenu par la presse anglaise (Metal Hammer, Kerrang!), le groupe n'a jamais décollé de son petit terreau indé alors qu'à la même époque les Lost Prophets se sont fait signés dès leur premier disque et continue même encore d'avoir une carrière alors qu'ils n'ont jamais rien proposés de bien originale. C'était d'ailleurs bien là le problème d'Earthtone 9. A situé entre Tool, Neurosis et Deftones, le quintet de Notthingham est d'abord venu du metal hardcore pour finalement étirer sa créativité au delà de tout genre bien définit.

Le visage et la voix du groupe, Karl Middleton, est ce qui se fait de mieux en terme d'alternance entre un chant clair influencé par Maynard James Keenan (Tool) et de s'époumoner avec puissance et émotion (la voix rauque de Dave Edwardson de Neurosis). Un contraste désormais classique mais utilisé à bon escient sur des riffs mélodique et élancé soutenu par une rythmique quasi tribale. Une combinaison originale qu'aucun groupe n'a jamais copié depuis et dont ils se sont rendus maitre sur leur chef d'oeuvre, Arc'tan'gent. Destiné a devenir les héros de l'underground metal britannique, il n'en fut jamais. Le clip tourné pour le sublime, mais imprononcable, premier morceau du disque, Tat'twam'asi ne sera jamais diffusé car ses effets de lumières furent jugés capable de causer des crises d'épilepsie. Un sévère problème pour se faire connaitre à l'époque où les réseaux sociaux n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui.

Sans trop de promotion, le groupe parti aussi ouvrir pour Soulfly, en compagnie de Glassjaw, lors d'une tournée européenne, mais sans trop de résultat. Earthtone 9 aurait pu mais n'a jamais été. Aujourd'hui, si ils reviennent, (aujourd'hui chanteur du groupe de metal progressif Twin Zero), c'est définitivement pour se faire plaisir et voir si plus de monde peut être convaincu par leur musique. Pour cela, ils ont mis toutes les chances de leur côté et propose une compilation de leur meilleur morceau gratuitement. Vous pouvez aussi la leur commander pour une somme modique ceci dit. Tout cela se passe sur leur nouveau site. Preuve que le groupe s'est au moins adapté à l'économie. En revanche, leur musique n'a pas changé mais peut être que le public sera plus à même d'apprécier ce groupe aussi atypique. A écouter encore aujourd'hui Arc'tan'gent, on croirait qu'il a été écrit hier. Un chef d'oeuvre metallique intelligent qui sait autant s'abandonner dans des riffs puissant, des structures légèrement progressives mais surprenantes et des mélodies implacables.

Vendredi au Hellfest ou Quand Satan pris possession de Clisson


Après des années à lire des comptes rendus du Hellfest où tout allait mal, il avait fallu la combinaison de la venue exceptionnelle d'Ulver et de Godflesh, accompagné de Sigh et des Deftones, pour me décider à mettre les pieds à Clisson. Préparé au pire, le moindre constat positif ne pouvait donc être qu'enthousiasmant, mais force est de constater que rien ne pu être reprocher à l'organisation du festival pendant cette journée. Une seule journée pour car les organisateurs avaient eu la bonne idée de regrouper la plupart des groupes qui m'intéressait sur celle ci.

Une fois les heures de route avalés, la tente planté et les affaires déposés, en route vers l'entrée pour accueillir Magrudergrind que j'avais pu voir il y a quelque jours au Star Café sur Paris. Le son est alors bien meilleur et massif malgré l'absence de bassiste chez ce trio. L'énergie du chanteur suffit a animer la scène alors qu'il ne se déplace pas pour autant de son milieu et suffit a convaincre en vingt minutes de la qualité de ce trio mélangeant grindcore et power violence.

Vient ensuite sur la même scène le quintet japonais Sigh, encore jamais venu en France. Affaiblit par le manque de puissance des orchestrations pré enregistrés accompagnant le groupe, l'énergie des deux chanteurs, Mirai (parolier et compositeur du groupe) et le Dr Mikannibal (voix et saxophone) suffit a absorber mon attention. Les conditions sonores s'améliorent aussi progressivement pour équilibrer guitare et accompagnement symphonique. Les meilleurs titres seront donc ceux joués en dernier, extrait de Hangman's hymn. Dommage qu'un groupe a la discographie aussi varié n'ai pu joué qu'une demi heure. L'enthousiasme des fans suffira peut être à les faire revenir pour un concert rendant un plus brillant hommage à la qualité de tout leur disques.

Je me refugie ensuite du concert de Mass Hysteria sous la tente où Necrophagist a réunit un grand nombre de festivalier. Impossible de se déplacer vers la scène et de ne faire qu'entre apercevoir la scène. J'avais presque oublié que leur death metal technique et mélodique était aussi convaincant et je me promet de prendre leur deuxième disque. Entre temps je jette un oeil au Metal Market sans y trouver grand chose. Seul constatation, je n'aimerais pas être à la place des commerçant de la deuxième tente qui ont eu a subir les grondement de basse pendant toute la journée.

Après avoir rencontré quelque personne, et par conséquent ignorer le concert de Finntroll (avancé dans le programme car Walls of Jericho subit des problèmes d'avion), je me laisse porter par le set de KMFDM. Les riffs mécanique et l'attitude décalé du groupe, par rapport au reste de la programmation du jour, fait de leur indus metal une pause très appréciable et inattendu. Je ne reconnais que Drug against war sans que cela m'empêche de hocher la tête au rythme binaire des morceaux. Un groupe qui ne m'aurait jamais intéressé en dehors d'un festival mais qui m'aura convaincu par une prestation solide.

De même, sans avoir envie d'acheter ou d'écouter un disque de Walls of Jericho, leur concert continue de me convaincre de leur puissance en concert. Leur mélange de rythme hardcore (mosh part, two step) et de riffs thrash est banale mais l'attitude et la présence scénique et vocale de Candace suffit à donner du fil à retordre à la sécurité chargé de récupérer les dizaines de slammeurs qui leur arrive dans les bras à chaque titres.

Je parlais d'appréhension concernant le festival mais j'en avais aussi beaucoup vis à vis des Deftones. Or, il faut se rendre à l'évidence : Slim Fast, ça marche! Chino Moreno a retrouvé son équilibre et son énergie d'antan. Un petit tremplin a été installé sur le devant de la scène pour qu'il surplombe le public et saute de part et d'autre de la scène. On ne peut pas en dire autant par contre de Stephen Carpenter dont la musculature charnue semble l'attaché à côté de la table de mixage de Frank Delgado. Reste donc à Moreno et à Sergio Vega (ex. Quicksand) d'assurer et ils le feront avec beaucoup d'énergie et un enthousiasme apparent. Beaucoup de titres du dernier album sont interprétés et mélangés à des extraits de Around the fur, White pony et Adrenaline (qui m'apparait encore plus clairement comme le plus mauvais disque du groupe). Aucune fausse note, quelque remerciement et un titre chanté depuis les barricades. Bref, pas de grand moment mais un set consistant, puissant et superbe affirmant tout ce que j'ai toujours adoré chez eux.

Après avoir entendu autant de bien sur Monkey 3, je fus un peu déçu par leur musique que j'attendais plus rock et aventureuse que ce qui me fut donner d'entendre sur scène. Définit par un comparse de festival comme "ce que David Gimore de Pink Floyd pourrait jouer si il s'énervait", le space metal instrumental a de quoi faire voyager et ne nécessite en rien la présence d'un chanteur. Pour être tout à fait honnête, la fatigue a aussi eu un effet sur mon appréciation de leur musique donc je n'appesantirais pas sur ce que je reproche au groupe. D'autant plus que je devais être une des seuls personnes de la Terrorizer Tent a ne pas être charmé par leur concert.

Le temps de se restaurer posé devant la Mainstage 01 et la musique d'Infectious Grooves finit par me faire décoller et me donner envie de danser. Le mélange funk, punk et metal de ces vétérans ne partait pour autant pas gagnant jusqu'à ce que l'enthousiasme de Mike Muir me contamine à mon tour et donne des ailes à l'ensemble de l'assistance. Les slammeurs recommencent de jaillir de toute part et se pressent pour retourner participer à l'euphorie générale. Le jeu des musiciens (et tout spécialement du bassiste) a de quoi ravir les oreilles tandis que l'apparition "surprise" du guitariste de Suicidal Tendencies pour "the Immigrant song" et un "ST" en conclusion où des dizaines de personnes se précipitent par dessus les barricades pour rejoindre le groupe sur scène aura surement pu combler les inconditionnels des exactions musicales de Mike Muir. Rien de moins qu'un set habituel pour ce groupe dont on a jamais tari d'éloge les prestations et qui m'aura fait acheté l'un de leur disque à mon retour du festival.

Sick of it All peut aussi se vanter d'être tributaire d'une réputation sans accroc en concert et la moitié de concert auquel j'assistais n'était pas en reste. Je ne reconnaitrais pourtant qu'un seul morceau, le fameux "Step down", sans éprouver de mal a sourire au son de leur hardcore toujours aussi efficace grâce à la puissance et à la présence scénique de ces inépuisables vétérans.

Je m'en vais pourtant un peu plus pour découvrir un autre groupe d'ancien, les Young Gods. Ces suisses ont construit au fil des années une carrière autour d'une originalité qui leur aura valu d'être célébré par la critique mais ignoré d'un succès de masse. Il y a donc peu de monde sous le chapiteau de la Terrorizer Tent (en comparaison avec d'autres groupes) mais le son qui provient de la scène fait ignorer toute la fatigue accumulé dans la journée. Leur indus a de particulier qu'il parait très organique et réussit dans une symbiose de chant, de basse, de batterie et de samples réunit dans des titres aussi agréable à l'oreille qu'à l'esprit. Pourtant, leur concert connaitra un problème majeur: une coupure de courant! Celle ci interrompt alors, dans l'incompréhension générale, leur concert et laisse groupe et auditoire déçu d'en rester là.

Le temps de réparer et de combler tout les soucis techniques pour préparer le set de Godflesh qui doit avoir lieu au même endroit et celui ci prend alors du retard. Plus de vingt minutes ou tout le monde attends dans un mélange de frustration et d'impatience de pouvoir profiter de cette réunion exceptionnelle. ""Like rats", tant attendu, débutera donc demi teinte mais sera suivit d'un "Dream long dead" tout simplement phénoménale! "Streetcleaner" prend la suite et d'autre titres de ce même album viendront rassurer de la puissance de ce duo mythique. Le concert sera malheureusement raccourcis et ce sera avec un peu d'amertume que j'écouterais les deux derniers morceaux, dont un "Crush my soul" en conclusion. Justin Broadrick (guitare et voix) avait annoncé que le destin de la reformation de Godflesh reposerait sur le bon déroulement de cette prestation. On peut donc douter de revoir un jour le duo créer un nouveau disque mais restera tout de même ce petit bout d'histoire dont les festivaliers auront pu profiter malgré tout.

Enfin, le dernier mot de cette journée (en ce qui me concerne) est laissé à Ulver que j'ai de nouveau plaisir à voir et entendre. Un peu ennuyé, du fait du retard causé par les problèmes du concert de Godflesh, d'avoir manqué le début, j'ai le plaisir de découvrir que le concert ne fait que commencer quand je pénètre sous le chapiteau. Le groupe n'a pas changé de set depuis la première fois que je les ai vu (il y un moins d'un an, au Brutal Assault en Répubique Tchèque). J'ai depuis beaucoup écrit sur leurs concert. Le groupe ne se révélant vraiment qu'en salle, la qualité de cette prestation en extérieure fut toutefois assez satisfaisante grâce au talent des musiciens maintenant aguerris à l'exercice (le groupe n'avait pas fait de concert pendant plus de dix ans avant de revenir l'année dernière). La présence de Daniel O'Sullivan (guitare, basse, clavier) continue d'apporter une nouvelle richesse aux compositions du groupe. Je retiendrais donc cette improvisation autour d'un morceau de Shadows of the sun et de "Hallways of always" (extrait de Perdition city) comme point marquant, par rapport aux autres concerts du groupe. Moins bon qu'à Paris (d'autant que je n'ai pas pu profiter des projections) mais toujours largement meilleur que quiconque, ce concert suffit a faire de ma journée au Hellfest une expérience des plus mémorables et des plus agréables.

Monday, June 07, 2010

Tu connais Arms of Ra?


J'aime bien cet album. Faut dire que je fait partie du groupe. Le mec derrière le micro, c'est moi. Alors forcement, j'en dis un peu de bien de cet album. On dit des chroniqueurs qu'ils sont des musiciens ratés. Moi je pense plutôt que quand tu as le temps de faire l'un, tu n'en as généralement plus pour faire l'autre. Sauf que du temps, j'en trouve quand même et j'en profite donc pour faire la promotion de mon premier disque.

Arms of Ra c'est d'abord un duo de guitariste voulant faire du Cult of Luna première époque. De la fin de leur précédent groupe, une formation de metal moderne très Lamb of God, ils partent avec le batteur, et trouvent un bassiste et un chanteur, mais pas moi. Moi je m'étais barré du groupe précédent, pour d'obscure raison un peu conne, quand j'y repense, alors on n'avait pas fait appel à mes services. Logique. Il aura fallu une date à l'arrache où je me proposais pour remplacer leur chanteur pour que mon nom revienne sur la table.

Quelque mois plus tard je réintégrais la formation avec un tout nouveau guitariste, tandis que l'un des deux premiers passait à la basse. On était alors en 2007 avec juste quelques morceaux, Darwin's mistake (le texte n'ayant aucun rapport avec le nom, une constante sur ce EP), Saturnisme, The Color of my name. Puis vinrent, lentement, les deux derniers morceaux, Taxidermie et Pyramids. Des morceaux que l'on eu du mal à apprendre mais qui forgèrent notre son et notre processus de composition. On apprend de ses erreurs et cet EP en est plein, tout comme il est remplis d'idées et d'énergies, de l'envie de dépasser ses influences tout en se servant de ce que l'on a autour. Cet EP c'est la concrétisation d'un rêve de gosse dont on peut être fier.

L'enregistrement aussi fut laborieux et malgré tout le talent de notre producteur (batteur d'HKY, 91 Allstars et de Crossing the Rubicon à ses heures perdues ou à celle qui doit inventer dans un laboratoire secret) on peut entendre les petites erreurs et les petit faux pas. Tout ce qui fait d'un disque une source de souvenir intarissable pour un groupe et donne vie à un rêve qui apprend a marcher. Trois morceaux et une unité qui s'extraie lentement, entre le sludge, le postcore, le screamo. Tout plein de genres à fleur de peau que l'on arrache de nos instruments respectifs pour partir un peu plus et cavaler comme les destriers de la couverture (peinture original réalisé par un talentueux jeune homme membre d'un groupe de rock psyché intitulé BSOFS) avec les trois nouveaux morceaux que nous avons composés. L'un des guitaristes d'origine est parti maintenant au Quebec vivre une belle aventure. La notre continue encore aujourd'hui mais elle a débuté ici et on en est fier.