Saturday, August 21, 2010

Converge - Un lion tendre comme l'agneau


L'album qui me fait prendre conscience de l'existence de Converge, et de son importance dans la scène musicale contemporaine, fut Jane Doe. Un album entier dédié à une rupture douloureuse entre le chanteur et une égérie. Sorti en 2001, You fail me, trois ans plus tard, relatait la suite de ce processus de guérison qui n'avait pas encore pris fin. Le concentré de fiel qu'était Jane Doe n'avait pas suffit a épancher la souffrance du chanteur et un second album était nécessaire pour y mettre fin.

Quand à moi, j'étais déçu par l'album à la production asséché, au contraire d'un Jane Doe où les couches de guitares déposé par Kurt Ballou (guitariste et producteur de la formation) s'amoncelait comme lors d'une inondation pour bâtir un fort de distorsion infranchissable. Et si il n'y avait encore que la guitare, cela n'aurait pas été aussi infranchissable. La basse et la batterie y était aussi de tout cœur dans le même ouvrage. Intense, complexe, le jeu des musiciens fut qualifié de mathématique, tout comme celui de leur frère d'armes dans The Dillinger Escape Plan.

Pourtant, les racines de Converge ne sont pas dans les livres de théorie mais dans le hardcore possédé de Rorscach et Deadguy, deux groupes qui se font suite historiquement et dont l'influence commune est Today is the Day, un autre pilier pas assez souvent nommé (peut être un jour écrirais-je un article sur leurs albums qui m'ont le plus marqués? trop de sujet, pas assez de temps). Or, le terme qui qualifie le mieux Steve Austin, membre fondateur de Today is the Day, c'est possédé. Possédé par une colère paranoiaque contre le monde entier.

Les groupes qui en découlent ne lésinent donc pas dans la folie et dans l'urgence quand il s'agit d'exprimer ce qu'ils ont sur le coeur. D'où un hardcore de plus en plus violent et chaotique pour Rorschach entre leurs albums Remain sedate et Protestant, pour aboutir ensuite à Converge.

Formé en 1990 et membre de la bouillonnante scène hardcore de Boston, le hardcore metallique du Converge des débuts pique quelque riffs chez Slayer, leur donne une nouvelle vie loin des rythmiques thrash rigide du groupe et tort le cou une bonne fois pour toute aux règles des deux genres en élaborant un style qui lui est propre et inspirant ainsi des générations de groupe. Leurs albums contiennent chacun leur lot d'expérimentation, toujours sous le signe de l'émotion la plus sincère et la plus violente, même quand le tempo ralentit.

L'impression d'être possédé par le bruit le plus blanc se communique aussi au public, comme le documentait très bien le DVD The Long Road Home sur lequel différent live amateur compilé au fil des tournées témoignait de l'énergie débordante des fans une fois que le groupe débarquait sur scène avec des titres aussi dévastateur que Conduit, My great devastator ou The saddest day, un titre qui a lui seul aura causé plus de frénésie dans le public que l'annonce d'une remise de 50% sur tout le magasin chez H&M.

Tout cela c'est encore sans parler de Jane Doe, You fail me, No heroes et le dernier, Axe to fall. Les visuels crée par Jacob Bannon devrait aussi avoir droit à leur paragraphe. Le split avec Agoraphobic Nosebleed aussi, une formidable rencontre entre deux groupes ignorant les règles de leur "genres" respectifs pour un album aussi efficace qu'une scie circulaire dans un ascenseur. Si il fallait parler de Converge dans les grandes lignes il faudrait faire un article bien plus long que celui-ci. Je me conterais donc de finir sur ces quelques mots.

Après You fail me j'ai perdu mon intérêt pour le groupe. Je ne retrouvais plus le son que j'avais aimé et je n'avais pas non plus tant envie que ça de revenir sur Jane Doe. Une écoute distraite des deux premiers albums, jeune con que j'étais, n'avait pas ravivé non plus la flamme. No heroes passa et je fis la sourde oreilles aux acclamations. Axe to fall arriva et le consensus ne fut par contre pu aussi entier. L'occasion de voir ce qu'il en retournait, de manger mes regrets d'avoir douté, et de repartir à la quête de ce qui m'avait tant plus chez eux. Le déclic arriva, il y a quelque jours, en République Tchèque quand le son fut enfin à la hauteur de mes espérances, l'énergie aussi forte que ce que j'attendais et la folie du public égale à celle des images que j'avais pu voir sur mon écran de télé. Tout était réunis comme je l'avais toujours attendu et Converge redevint à mes yeux le groupe essentiel qu'il n'avait jamais cessé d'être. Un concentré d'énergie, d'originalité et de sincérité. Et cela, cela suffit à décrire leur carrière.

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