Saturday, July 24, 2010

Dour, compte rendu de la première journée

Faith no More le jeudi, Atari Teenage Riot le vendredi, De La Soul le samedi et Anti-pop Consortium le dimanche. Le programme s'annonçait appétissant mais peu chargé. De bons artistes aux quatres coins de l'affiches me faisaient de l'œil, certains plus que d'autres, mais il y aurait-il de quoi combler les journées passées sur les lieux? Mission à peu près accomplit pour les organisateurs, et bravo à eux sois-dit en passant, pour avoir satisfait la curiosité d'un amateur ouvert d'esprit qui n'a pourtant rien à voir avec "l'ambiance" du festival.

A mon arrivée sur les terres du festival, j'ai d'abord eu l'impression de ne pas être à ma place. Pour un festival mettant en avant une partie de la scène alternative internationale, pas un seule distro, pas un disque, aucun tee shirt de groupe (à moins que l'on ne compte les tee shirt de Bob Marley dans le lot). Rien du merchandising habituel à des festival spécialisés. Terrain de jeu de la jeunesse belge venu dépenser son énergie sur le dance floor, les artistes invités par Dour ont comme point commun de faire remuer les pieds et parfois aussi les méninges. Rien à apprécier les bras croisés et les yeux fermés, à de rares exceptions.

Le premier groupe de la journée correspond à cette description puisqu'il s'agit de Hoods (16H30) , un groupe de hardcore de Sacramento, amène avec lui la "haine" et le soleil. La haine des skins heads, des emos, de Metallica ("Give it up for Metallica!" applaudissement du public "Fuck Metallica !, this next one is for Ronny James Dio!"), tout y passe dans les diatribes incendiaires du chanteur à la voix puissante et possédée. La belgique et le hardcore vivent une idylle qui n'est pas encore totalement visible puisqu'Hoods est le seul groupe du genre de la journée. Pourtant, les danseurs sont présent et animent la fosse suffisamment quand il s'agit de faire un petit circle pit ou de faire des saltos. Une parfaite mise en jambe pour réveiller en début d'après-midi et trancher avec les fans de reggae qui pullulement à l'extérieur. Pas de ça chez nous et ça envoi suffisamment pour se sentir comme à la maison.

Le temps de faire la queue pour retirer de l'argent (quarante cinq minutes quand même) et de se poser et Baroness (19H15) prend la suite sur mon programme. Le son parfait et les sourires des musiciens mettent de bonne humeur pour tout le concert que j'aurais passé avec le visage éclairé du bonheur de profiter de nouveaux des morceaux du Blue album dans des conditions optimales, après pourtant un concert parisien tout aussi mémorable. Le public reprend les paroles en chœurs et ne perd pas une miette de la performance que donne le groupe sans jamais s'interrompre longuement (même quand le guitariste/chanteur pète une corde et que le reste du groupe doit prendre le relais pour une impro rock dont ils se servent ensuite pour introduire le titre suivant). L'énergie scénique du groupe est aussi au beau fixe quand le dit guitariste se roule par terre en continuant d'exécuter son numéro de contorsionnistes sur le manche de sa guitare. Armé d'un disque salué par la critique et les fans, de plus en plus nombreux, rien ne pourrait arrêter Baroness à l'heure actuel pour rejoindre Mastodon.



Je parlais en introduction de groupe a apprécier les bras croisés et Wovenhand (21H) en fait partie. Cérébrale, le folk/rock s'apprécie surtout mieux les yeux fermés tant le caractère pieux du groupe est évident dès les premières notes. Il peut donc paraitre étrange que le groupe partage la scène avec un quatuor à cordes hongrois, dont les morceaux interprétés par intermittence avec ceux de WovenHand apportent une touche festive et joyeuse, à mille lieux de l'introspection spirituel dont fait preuve le chanteur de Wovenhand par l'émotion qui suinte de sa voix et de sa performance. Pourtant, les deux atmosphères se rejoignent dans la passion des musiciens pour une célébration toute naturelle de la musique. Je regrette toutefois que leur collaboration se soit arrêté à n'apporter que quelque touches de violons à des morceaux de Wovenhand et que les américains n'aient pas rendu la pareille à ces quatre hommes que l'on croirait issu de la même famille.



La première grande attraction du festival, et l'un des deux groupes que j'attendais le plus, Faith no More (22H) arrive enfin sur scène et démarre avec une interprétation de leur reprise du thème de Midnight cowboy. Tout reste en suspend pendant quelques instants. Le calme plat. Le public reste attentif mais ne fait que se concentrer pour mieux exploser dès les premières notes de From out of nowhere. The real thing est manifestement l'album le plus populaire du groupe, même si il est aussi beaucoup moins intéressant que les suivant. Pour preuve, "Surprise, you're dead" et "Epic" inspirent eux aussi de grands mouvement de foules bien que ce soient les chansons les plus datés de leur repertoire.

Celui-ci est majoritairement tiré de Angel dust (Easy, Be aggressive, A small victory, Land of sunshine, Caffeine, Midlife crisis), comme il se doit, avec toutefois des passages surprenant vers King for a day, fool for a lifetime (The gentle art of making enemies, Evidence, Ugly in the morning et Just a man en conclusion) et un petit détour sur Album of the year (les deux singles, Ashes to ashes et Last cup of sorrow). Personne ne serait contenté avec aucune set list d'une heure et demi mais le groupe n'a pas l'air décidé à quitter la scène si j'en crois par le "See you next time" de Mike Patton en toute fin de concert.

En effet, même si les efforts désespéré de Mike Patton pour faire un venir un bébé sur scène pour la conclusion de Just a man se sont soldés par un échec, Faith no More est un groupe toujours bien vivant et son répertoire n'a rien de nostalgique (en dehors de quelque titre qui trahissent la jeunesse du groupe à l'heure de leur écriture). Le maître de cérémonie, Mike Patton, retient l'attention de tous grâce à sa voix et son interaction constante avec le public. Qu'il se moque de la techno que jouent les Dj attachés aux bars disposés à droite et à gauche de la grande scène, ou qu'il interpelle une jeune fille qui lui tire la langue en la menaçant d'appeler sa mère ("I'll tell your mother her daughter is acting like a slut at a rock concert") Patton et ses compagnons triomphe avec un spectacle qui n'a rien de nostalgique. Avec autant d'enthousiasme des deux côtés de la scène, Faith no More pourrait devenir un petit plaisir de vacance pour encore quelque temps.



Les danseurs prennent ensuite possession de la nuit. J'accompagne alors une amie pour voir le set de Moderat (23H30), la rencontre du duo de Dj Modeselektor et d'Apparat accompagné d'un quatrième larron. Les projections accompagnent les beat et les mélodies minimaliste tout au long d'une performance assez intéressante pour retenir mon attention, et celle de mes jambes. Les deux titres de conclusion, l'un avec le flow d'un rappeur et l'autre avec celui d'un toasteur, complète agréablement ce set sympathique d'un projet qui semble recevoir beaucoup plus d'approbation et d'enthousiasme dans le milieu électro que je n'en suis capable d'en dispenser à son égard.



En revanche, tout mes applaudissement reviennent à Drumcorps, accompagné de Léo Miller (ex. chanteur du groupe de death metal Animosity). La moyenne d'âge, et le look du public, laisse à penser que la présence de ce dernier aura rameuté les fans de deathcore pour voir ce qu'il en découle. J'étais moi aussi impatient de découvrir ce qu'apportait le chanteur au set polonais de Drumcorps que j'avais vu il y a quelque mois où une présence vocale faisait encore défaut à l'énergie et aux riffs efficaces de Drumcorps. Aujourd'hui comblé par la voix et l'énergie de Miller, les nouveaux morceaux de Drumcorps, mélangeant encore plus le metal et le breakcore que sur le déjà excellent Grist (où l'artiste samplait toutefois amplement des groupes de hardcore chaotique comme Cave In ou Converge) jusqu'à créer une fusion originale bien qu'encore approximative par moment. La boucherie sonore qui en ressort annihile toutefois comme il se doit le public présent et me fait repartir sur un Down toujours aussi efficace, précédé du remix d'Animosity où Miller pose avec toute l'énergie dont il est capable.

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