Sunday, June 20, 2010

Vendredi au Hellfest ou Quand Satan pris possession de Clisson


Après des années à lire des comptes rendus du Hellfest où tout allait mal, il avait fallu la combinaison de la venue exceptionnelle d'Ulver et de Godflesh, accompagné de Sigh et des Deftones, pour me décider à mettre les pieds à Clisson. Préparé au pire, le moindre constat positif ne pouvait donc être qu'enthousiasmant, mais force est de constater que rien ne pu être reprocher à l'organisation du festival pendant cette journée. Une seule journée pour car les organisateurs avaient eu la bonne idée de regrouper la plupart des groupes qui m'intéressait sur celle ci.

Une fois les heures de route avalés, la tente planté et les affaires déposés, en route vers l'entrée pour accueillir Magrudergrind que j'avais pu voir il y a quelque jours au Star Café sur Paris. Le son est alors bien meilleur et massif malgré l'absence de bassiste chez ce trio. L'énergie du chanteur suffit a animer la scène alors qu'il ne se déplace pas pour autant de son milieu et suffit a convaincre en vingt minutes de la qualité de ce trio mélangeant grindcore et power violence.

Vient ensuite sur la même scène le quintet japonais Sigh, encore jamais venu en France. Affaiblit par le manque de puissance des orchestrations pré enregistrés accompagnant le groupe, l'énergie des deux chanteurs, Mirai (parolier et compositeur du groupe) et le Dr Mikannibal (voix et saxophone) suffit a absorber mon attention. Les conditions sonores s'améliorent aussi progressivement pour équilibrer guitare et accompagnement symphonique. Les meilleurs titres seront donc ceux joués en dernier, extrait de Hangman's hymn. Dommage qu'un groupe a la discographie aussi varié n'ai pu joué qu'une demi heure. L'enthousiasme des fans suffira peut être à les faire revenir pour un concert rendant un plus brillant hommage à la qualité de tout leur disques.

Je me refugie ensuite du concert de Mass Hysteria sous la tente où Necrophagist a réunit un grand nombre de festivalier. Impossible de se déplacer vers la scène et de ne faire qu'entre apercevoir la scène. J'avais presque oublié que leur death metal technique et mélodique était aussi convaincant et je me promet de prendre leur deuxième disque. Entre temps je jette un oeil au Metal Market sans y trouver grand chose. Seul constatation, je n'aimerais pas être à la place des commerçant de la deuxième tente qui ont eu a subir les grondement de basse pendant toute la journée.

Après avoir rencontré quelque personne, et par conséquent ignorer le concert de Finntroll (avancé dans le programme car Walls of Jericho subit des problèmes d'avion), je me laisse porter par le set de KMFDM. Les riffs mécanique et l'attitude décalé du groupe, par rapport au reste de la programmation du jour, fait de leur indus metal une pause très appréciable et inattendu. Je ne reconnais que Drug against war sans que cela m'empêche de hocher la tête au rythme binaire des morceaux. Un groupe qui ne m'aurait jamais intéressé en dehors d'un festival mais qui m'aura convaincu par une prestation solide.

De même, sans avoir envie d'acheter ou d'écouter un disque de Walls of Jericho, leur concert continue de me convaincre de leur puissance en concert. Leur mélange de rythme hardcore (mosh part, two step) et de riffs thrash est banale mais l'attitude et la présence scénique et vocale de Candace suffit à donner du fil à retordre à la sécurité chargé de récupérer les dizaines de slammeurs qui leur arrive dans les bras à chaque titres.

Je parlais d'appréhension concernant le festival mais j'en avais aussi beaucoup vis à vis des Deftones. Or, il faut se rendre à l'évidence : Slim Fast, ça marche! Chino Moreno a retrouvé son équilibre et son énergie d'antan. Un petit tremplin a été installé sur le devant de la scène pour qu'il surplombe le public et saute de part et d'autre de la scène. On ne peut pas en dire autant par contre de Stephen Carpenter dont la musculature charnue semble l'attaché à côté de la table de mixage de Frank Delgado. Reste donc à Moreno et à Sergio Vega (ex. Quicksand) d'assurer et ils le feront avec beaucoup d'énergie et un enthousiasme apparent. Beaucoup de titres du dernier album sont interprétés et mélangés à des extraits de Around the fur, White pony et Adrenaline (qui m'apparait encore plus clairement comme le plus mauvais disque du groupe). Aucune fausse note, quelque remerciement et un titre chanté depuis les barricades. Bref, pas de grand moment mais un set consistant, puissant et superbe affirmant tout ce que j'ai toujours adoré chez eux.

Après avoir entendu autant de bien sur Monkey 3, je fus un peu déçu par leur musique que j'attendais plus rock et aventureuse que ce qui me fut donner d'entendre sur scène. Définit par un comparse de festival comme "ce que David Gimore de Pink Floyd pourrait jouer si il s'énervait", le space metal instrumental a de quoi faire voyager et ne nécessite en rien la présence d'un chanteur. Pour être tout à fait honnête, la fatigue a aussi eu un effet sur mon appréciation de leur musique donc je n'appesantirais pas sur ce que je reproche au groupe. D'autant plus que je devais être une des seuls personnes de la Terrorizer Tent a ne pas être charmé par leur concert.

Le temps de se restaurer posé devant la Mainstage 01 et la musique d'Infectious Grooves finit par me faire décoller et me donner envie de danser. Le mélange funk, punk et metal de ces vétérans ne partait pour autant pas gagnant jusqu'à ce que l'enthousiasme de Mike Muir me contamine à mon tour et donne des ailes à l'ensemble de l'assistance. Les slammeurs recommencent de jaillir de toute part et se pressent pour retourner participer à l'euphorie générale. Le jeu des musiciens (et tout spécialement du bassiste) a de quoi ravir les oreilles tandis que l'apparition "surprise" du guitariste de Suicidal Tendencies pour "the Immigrant song" et un "ST" en conclusion où des dizaines de personnes se précipitent par dessus les barricades pour rejoindre le groupe sur scène aura surement pu combler les inconditionnels des exactions musicales de Mike Muir. Rien de moins qu'un set habituel pour ce groupe dont on a jamais tari d'éloge les prestations et qui m'aura fait acheté l'un de leur disque à mon retour du festival.

Sick of it All peut aussi se vanter d'être tributaire d'une réputation sans accroc en concert et la moitié de concert auquel j'assistais n'était pas en reste. Je ne reconnaitrais pourtant qu'un seul morceau, le fameux "Step down", sans éprouver de mal a sourire au son de leur hardcore toujours aussi efficace grâce à la puissance et à la présence scénique de ces inépuisables vétérans.

Je m'en vais pourtant un peu plus pour découvrir un autre groupe d'ancien, les Young Gods. Ces suisses ont construit au fil des années une carrière autour d'une originalité qui leur aura valu d'être célébré par la critique mais ignoré d'un succès de masse. Il y a donc peu de monde sous le chapiteau de la Terrorizer Tent (en comparaison avec d'autres groupes) mais le son qui provient de la scène fait ignorer toute la fatigue accumulé dans la journée. Leur indus a de particulier qu'il parait très organique et réussit dans une symbiose de chant, de basse, de batterie et de samples réunit dans des titres aussi agréable à l'oreille qu'à l'esprit. Pourtant, leur concert connaitra un problème majeur: une coupure de courant! Celle ci interrompt alors, dans l'incompréhension générale, leur concert et laisse groupe et auditoire déçu d'en rester là.

Le temps de réparer et de combler tout les soucis techniques pour préparer le set de Godflesh qui doit avoir lieu au même endroit et celui ci prend alors du retard. Plus de vingt minutes ou tout le monde attends dans un mélange de frustration et d'impatience de pouvoir profiter de cette réunion exceptionnelle. ""Like rats", tant attendu, débutera donc demi teinte mais sera suivit d'un "Dream long dead" tout simplement phénoménale! "Streetcleaner" prend la suite et d'autre titres de ce même album viendront rassurer de la puissance de ce duo mythique. Le concert sera malheureusement raccourcis et ce sera avec un peu d'amertume que j'écouterais les deux derniers morceaux, dont un "Crush my soul" en conclusion. Justin Broadrick (guitare et voix) avait annoncé que le destin de la reformation de Godflesh reposerait sur le bon déroulement de cette prestation. On peut donc douter de revoir un jour le duo créer un nouveau disque mais restera tout de même ce petit bout d'histoire dont les festivaliers auront pu profiter malgré tout.

Enfin, le dernier mot de cette journée (en ce qui me concerne) est laissé à Ulver que j'ai de nouveau plaisir à voir et entendre. Un peu ennuyé, du fait du retard causé par les problèmes du concert de Godflesh, d'avoir manqué le début, j'ai le plaisir de découvrir que le concert ne fait que commencer quand je pénètre sous le chapiteau. Le groupe n'a pas changé de set depuis la première fois que je les ai vu (il y un moins d'un an, au Brutal Assault en Répubique Tchèque). J'ai depuis beaucoup écrit sur leurs concert. Le groupe ne se révélant vraiment qu'en salle, la qualité de cette prestation en extérieure fut toutefois assez satisfaisante grâce au talent des musiciens maintenant aguerris à l'exercice (le groupe n'avait pas fait de concert pendant plus de dix ans avant de revenir l'année dernière). La présence de Daniel O'Sullivan (guitare, basse, clavier) continue d'apporter une nouvelle richesse aux compositions du groupe. Je retiendrais donc cette improvisation autour d'un morceau de Shadows of the sun et de "Hallways of always" (extrait de Perdition city) comme point marquant, par rapport aux autres concerts du groupe. Moins bon qu'à Paris (d'autant que je n'ai pas pu profiter des projections) mais toujours largement meilleur que quiconque, ce concert suffit a faire de ma journée au Hellfest une expérience des plus mémorables et des plus agréables.

No comments: